Le HCR est préoccupé par des informations faisant état de violences et de conditions insalubres à la frontière entre la Hongrie et la Serbie.
RÖSZKE, Hongrie, 15 juillet – L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a fait part aujourd’hui de sa profonde préoccupation au sujet des demandeurs d’asile qui auraient été forcés de retourner en Serbie selon de récentes lois hongroises. Par ailleurs, le HCR a demandé une enquête après avoir reçu des informations selon lesquelles ils ont subi des violences et des abus.
Le porte-parole du HCR William Spindler a déclaré lors d’un point de presse à Genève que ces nouvelles restrictions contrevenaient les lois européennes et le droit international. « Nous sommes vivement préoccupés par les nouvelles restrictions en Hongrie qui mènent à des refoulements de demandeurs d’asile ainsi que par des informations faisant état de recours à la violence et aux mauvais traitements », a déclaré William Spindler.
Le nombre des réfugiés et des migrants à la frontière entre la Serbie et la Hongrie s’élève maintenant à plus de 1400, selon le HCR. « Ces restrictions sont contraires aux lois européennes et au droit international. Par ailleurs, une enquête doit être menée d’après les informations faisant état de violences et d’abus », a-t-il ajouté.
La plupart des réfugiés à la frontière sont des femmes et des enfants qui sont particulièrement affectés par la dégradation de la situation humanitaire, a indiqué William Spindler.
« Les États doivent garantir que ces personnes soient traitées avec humanité, dans la sécurité et la dignité, et qu’elles puissent déposer une demande d’asile si elles le souhaitent », a-t-il encore expliqué, en précisant la position du HCR.
Les nouvelles restrictions sont entrées en vigueur le 5 juillet dernier. Elles étendent les contrôles aux frontières dans une zone de huit kilomètres à l’intérieur du territoire hongrois. Par ailleurs, la police est désormais autorisée à intercepter des personnes dans cette zone et à les refouler de l’autre côté de la clôture surmontée de fils de fer barbelés, souvent dans des régions reculées dépourvues des services essentiels.
« Les États doivent garantir que ces personnes soient traitées avec humanité. »
Les demandeurs d’asile doivent ensuite se rendre dans l’une des zones de transit le long de la frontière pour déposer une demande d’asile. Seules deux zones de transit sont actuellement fonctionnelles le long des 175 kilomètres de frontière, à Röszke et Tompa.
En moyenne, 15 personnes par jour sont admises dans chacune des deux zones de transit, selon le HCR. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, quelque 664 personnes au total ont déjà été renvoyées de l’autre côté de la clôture. De plus, les autorités ont considérablement renforcé la sécurité aux frontières avec 10 000 soldats et officiers de police ainsi qu’un drone et un hélicoptère de surveillance.
Le HCR continue de recevoir des informations sur des abus et des violences subis par les personnes lorsqu’elles sont appréhendées dans les zones de transit ou les centres de rétention gérés par la police, a indiqué William Spindler.
« Nous avons reçu des informations faisant état de cas de morsures par des chiens policiers en liberté, d’utilisation de pulvérisateurs au poivre et de violences physiques. Le HCR a demandé aux autorités hongroises de lancer une enquête sur la base de ces informations. »
Le HCR a par ailleurs qualifié d’insalubres les conditions endurées par les personnes qui attendent d’entrer dans les zones de transit. Des personnes seules et des familles dorment en plein air ou dans des tentes dans des champs boueux à côté de la clôture marquant la frontière. Les soins de santé et les installations d’assainissement sont des défis majeurs. Par ailleurs, les conditions d’hygiène sont loin d’être acceptables.
Le personnel du HCR a récemment signalé depuis le camp de Röszke que la foule de 250 réfugiés vue il y a quelques semaines avait désormais multiplié par trois. Les réfugiés utilisent des couvertures données et des branches d’arbres pour monter des tentes de fortune. Il y a un robinet d’eau pour tout le camp et 10 toilettes mobiles.
« Nous avons passé deux jours en territoire hongrois, en nous cachant et en nous reposant le jour, puis nous marchions la nuit. »
La plupart des personnes, que ce soit des familles ou des hommes célibataires, ont expliqué avoir tenté au moins une fois de franchir clandestinement la frontière et qu’ils avaient échoué. Ils sont entrés en Hongrie et ont marché, certains pendant des jours, jusqu’à avoir finalement été arrêtés puis refoulés du côté serbe de la clôture.
Un jeune ingénieur agronome voyageant avec sa femme enceinte, son père âgé, ses frères et sœurs ainsi que des cousins a expliqué qu’ils avaient réussi à traverser la frontière.
« Nous avons passé deux jours en territoire hongrois, en nous cachant et en nous reposant le jour, puis nous marchions la nuit »
A la fin du deuxième jour, ils ont rejoint Baja, à environ 20 kilomètres de la frontière et bien au-delà de la limite des huit kilomètres fixée en vertu de la nouvelle loi, selon laquelle toute personne détenue doit être refoulée vers la Serbie. Ils étaient épuisés et pensaient qu’ils seraient transportés vers une installation de réception.
Ils avaient tort et doivent désormais attendre trois semaines à la frontière avant de pouvoir accéder officiellement à la zone de transit pour un entretien avec les autorités.
Par: Zsolt Balla