Malgré certains signes de progrès, la vitesse et l’ampleur des déplacements forcés dépassent les disponibilités de solutions pour les réfugiés
OTTAWA – Le Canada continue d’être un chef de file mondial en matière de réinstallation de réfugiés alors que le nombre de personnes forcées de fuir leur foyer a atteint le niveau le plus élevé depuis que l’on dispose de statistiques à cet égard, selon le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
En 2021, le Canada a accueilli 20 400 réfugiés, soit plus du double des 9 200 arrivées de l’année précédente, selon le rapport annuel sur les tendances mondiales publié aujourd’hui par le HCR. Cela fait trois années consécutives que le Canada est le leader en matière de réinstallation.
« Il y a très peu de raisons de se réjouir du contenu de ce rapport, mais un point positif est le bilan du Canada en matière d’accueil des réfugiés », a déclaré Rema Jamous Imseis, représentante du HCR au Canada.
Le rapport montre qu’après une décennie d’augmentation des déplacements forcés, le nombre de personnes déplacées par la guerre, la violence, la persécution et les violations des droits humains s’élève à 89,3 millions à la fin de 2021. Ce chiffre est en hausse de 8 % par rapport à l’année précédente et représente bien plus du double de celui d’il y a dix ans.
Depuis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie – qui a provoqué la crise de déplacements forcés la plus rapide et l’une des plus importantes depuis la Seconde Guerre mondiale – ainsi que d’autres situations d’urgence, du Burkina Fasso à l’Afghanistan et au-delà, ont fait en sorte que le nombre de personnes déplacées dans le monde dépasse le jalon tragique des 100 millions.
« Ces niveaux sans précédent de déplacements humains doivent être un signal d’alarme pour la communauté internationale. Derrière ces statistiques saisissantes se cachent des histoires humaines de pertes, de peurs et de quêtes de sécurité. »
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré que la tendance ne peut être inversée que par une nouvelle impulsion concertée en faveur du rétablissement de la paix mondiale.
« Soit la communauté internationale s’unit pour agir face à cette tragédie humaine, résoudre les conflits et trouver des solutions durables, soit cette tendance alarmante se poursuivra », a déclaré M. Grandi.
L’année dernière a été marquée par un nombre important de conflits qui ont dégénéré et des nouveaux qui ont éclaté. En effet, 23 pays, représentant une population totale de 850 millions d’habitants, ont été confrontés à des conflits d’intensité moyenne ou élevée, selon la Banque mondiale.
Pendant ce temps, la pénurie alimentaire, l’inflation et la crise climatique ajoutent aux difficultés des populations, mettant à rude épreuve la réponse humanitaire au moment même où les perspectives de financement semblent incertaines dans de nombreuses situations.
Le nombre de réfugiés a augmenté en 2021 pour atteindre 27,1 millions. Les arrivées ont grimpé, entre autres, en Ouganda, au Tchad et au Soudan. La plupart des réfugiés ont été, une fois de plus, accueillis par des pays voisins disposant de peu de ressources. Le nombre de demandeurs d’asile a atteint 4,6 millions, soit une hausse de 11 %.
L’année dernière, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays en raison d’un conflit a augmenté pour la quinzième année consécutive, atteignant les 53,2 millions. Cette augmentation s’explique par la montée de la violence ou des conflits dans certains endroits, comme au Myanmar. Le conflit dans la région du Tigré en Éthiopie et dans d’autres régions a poussé des millions de personnes à fuir à l’intérieur du pays. Les insurrections au Sahel ont provoqué de nouveaux déplacements internes, notamment au Burkina Faso et au Tchad.
La vitesse et le volume des déplacements dépassent toujours la disponibilité de solutions pour les personnes déplacées – comme le rapatriement, la réinstallation ou l’intégration locale. Pourtant, le rapport sur les tendances mondiales présente quelques lueurs d’espoir. Le nombre de retours au pays de réfugiés et de personnes déplacées a augmenté en 2021, retrouvant ainsi les niveaux d’avant le COVID-19, avec des rapatriements volontaires ayant bondi de 71 % durant l’année, même si les chiffres demeurent modestes.
En 2021, le Canada, l’Équateur, la France et la Grèce ont pu réduire considérablement leur arriéré de demandes d’asile en attente.
« À l’heure où le monde est confronté à des déplacements forcés sans précédent, le solide système d’asile du Canada est un exemple des meilleures pratiques pour faire respecter le droit de rechercher la sécurité », a ajouté Jamous Imseis.
À l’échelle mondiale, ce sont les Pays-Bas (45 700), le Canada (6 300) et la France (3 700) qui ont déclaré le plus de réfugiés naturalisés en 2021.
Et bien que le nombre estimé d’apatrides ait légèrement augmenté en 2021, quelques 81 200 personnes ont acquis la citoyenneté ou l’ont vue confirmée – la plus forte réduction de l’apatridie depuis le début de la campagne JExiste du HCR en 2014.
HCR 2021 – Rapport Tendances Mondiales – Données clés :
- En mai 2022, plus de 100 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits humains ou d’événements troublant l’ordre public.
- Fin 2021, le chiffre était de 89.3 millions comprenant :
- 27.1 millions de réfugiés
- 21.3 millions de réfugiés relevant du mandat du HCR
- 5.8 millions de réfugiés palestiniens sous le mandat de l’UNRWA
- 53.2 millions de personnes déplacées internes
- 4.6 millions de demandeurs d’asile
- 4.4 millions de Vénézuéliens déplacés à l’étranger
- Parmi les réfugiés et Vénézuéliens déplacés à l’étranger en 2021 :
- Les pays à revenu faible et intermédiaire ont accueilli 83% (des réfugiés)
- Les pays les moins avancés ont fourni l’asile à 27% du total
- 72% vivaient dans des pays voisins
- La Turquie a accueilli près de 3.8 millions de réfugiés, la plus grande population mondiale, suivie de l’Ouganda (1.5 million), du Pakistan (1.5 million) et de l’Allemagne (1.3 million). La Colombie a accueilli 1.8 million de Vénézuéliens déplacés à l’étranger.
- Le Liban a accueilli le plus grand nombre de réfugiés par habitant (1 sur 8), suivi de la Jordanie (1 sur 14) et de la Turquie (1 sur 23). Par rapport à leur population nationale, l’île d’Aruba a accueilli le plus grand nombre de Vénézuéliens déplacés à l’étranger (1 sur 6), suivie de Curaçao (1 sur 10)
- Plus des deux tiers (69%) venaient de cinq pays seulement :
- La Syrie (6.8 millions)
- Le Venezuela (4.6 millions)
- L’Afghanistan (2.7 millions)
- Le Soudan du Sud (2.4 millions)
- Et le Myanmar (1.2 million)
- À l’échelle mondiale, il y avait 6.1 millions de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants vénézuéliens en 2021 (rapporté par la plateforme de coordination pour les réfugiés et les migrants du Venezuela)
- Les demandeurs d’asile ont soumis 1.4 millions de nouvelles demandes.
- Les États-Unis ont été la première destination mondiale des nouvelles demandes individuelles (188,900), suivis par l’Allemagne (148,200), du Mexique (132,700), du Costa Rica (108,500) et de la France (90,200)
- Solutions :
- 5.7 millions de personnes déplacées sont retournées dans leur pays d’origine en 2021, dont 5.3 millions de personnes déplacées internes et 429,300 réfugiés.
Information supplémentaires/supports multimédias supplémentaires :
Le rapport du HCR sur les tendances mondiales (en anglais seulement) et un ensemble d’éléments multimédias sont disponibles sur notre page média.
Notes : Le rapport du HCR sur les tendances mondiales est publié parallèlement avec le rapport annuel sur les programmes et activités des besoins de tous ceux qui sont forcés de fuir, ainsi que les populations apatrides connues dans le monde.
Pour plus d’informations veuillez contacter :
- À Ottawa: Levon Sevunts, sevunts@unhcr.org, (613) 286-6975
- À Ottawa: Gisele Nyembwe, nyembwe@unchr.org, (613) 986-4300