Après avoir été parrainés par cinq familles, des réfugiés vivront un Noël dont ils se souviendront pendant longtemps grâce au soutien d’une autre famille
Delphin Ngage n’aurait jamais pensé qu’un jour, il se retrouverait dans une forêt à Squamish, en Colombie-Britannique, pour chercher un sapin de Noël. Né en République démocratique du Congo (RDC), ce petit garçon de cinq ans a passé les premières années de sa vie dans un camp de réfugiés en Namibie. Après leur réinstallation au Canada, Delphin, sa mère et son petit frère s’apprêtent à célébrer leur première période des Fêtes avec la famille qui les a parrainés.
« À mesure que nous partageons de nouvelles expériences, nous nous sentons de plus en plus proches d’eux et, ensemble, nous formons une véritable famille. Quel plaisir de partager cette tradition avec eux », déclare Karina Reid, une des personnes qui, avec cinq autres familles de C.-B., a parrainé Delphin et sa mère Atosha.
Karina a emmené Delphin et sa famille couper un sapin de Noël à Squamish, une ville située à une heure de route de leur maison à Richmond. Pour eux, il s’agit d’une tradition des Fêtes qu’ils étaient ravis de partager avec la famille Ngage cette année.
De ce samedi mémorable Karina en gardera une image saisissante pendant longtemps : Delphin ainsi que ses propres fils âgés de cinq et sept ans marchant dans une vallée entourée de montagnes, pendant une matinée ensoleillée d’hiver.
Ils jetaient des pierres dans l’eau, nous ont aidés à couper le frêle et modeste arbre avant de le ramener chez eux pour le décorer. Tandis que les enfants couraient et jouaient dans la maison, Karina s’est assise avec Atosha et lui a expliqué la signification de chacune des décorations de Noël et des souvenirs qu’elles lui rappellent.
« Mon cadeau de Noël pour eux est une décoration personnalisée symbolisant leur premier Noël au Canada », explique Karina.
Après avoir été inspirée par son amie Nicole Javadi qui avait parrainé une famille syrienne il y a quelques années, Karina a sollicité l’aide de ses amis afin de parrainer une famille de réfugiés par le biais du Programme mixte des réfugiés désignés par un bureau des visas (RDBV). Cette initiative canadienne unique au monde permet de faciliter le parrainage privé en offrant un soutien financier pendant six mois après l’arrivée d’un réfugié.
« Il faut que les gens réalisent que c’est tout à fait faisable. L’impact que nous pouvons avoir dans la vie d’une personne lorsque l’on parraine un réfugié est incomparable », explique Nicole, qui a également participé au parrainage de la famille Ngage.
« C’est facile d’être apathique face à ce qui se passe dans le monde et d’aller acheter des cadeaux de Noël, mais je suis mal à l’aise avec cette idée. Nous devons tous assumer notre part de responsabilité à l’égard des problèmes mondiaux, et pas seulement à l’égard de notre propre famille », déclare-t-elle.
Toutes les deux ont bénéficié de l’aide fournie par le Programme de formation sur le parrainage de réfugiés qui les a mis en relation avec Atosha et sa famille. Les Ngage font partie des quelque 4,5 millions de personnes déplacées par la violence et le conflit en RDC. Certains membres de la famille d’Atosha se trouvent toujours en Namibie où ils ont été déplacés, et elle espère un jour pouvoir les parrainer pour qu’ils la rejoignent au Canada.
« Je trouve que le Canada est un pays très, très bien. J’aime le Canada. Ça a changé ma vie! », déclare Atosha, qui a trouvé un travail quelques mois seulement après son installation au Canada, avant de donner naissance à son fils, Enoch. Elle espère un jour aller à l’école et avoir son propre appartement.
« Mes enfants iront à l’école et à l’université pour trouver un bon emploi. Je veux que mes enfants aient une bonne vie », dit-elle.
À son arrivée, les cinq familles ont aidé Atosha à se procurer un téléphone cellulaire afin qu’elle puisse rester en contact avec sa famille à l’étranger. Même si elle est heureuse de communiquer avec eux, elle reste consciente du danger auquel sa famille et ses amis sont confrontés là-bas.
« Même s’il s’agit d’une fabuleuse expérience, Atosha demeure tiraillée entre deux mondes totalement différents », explique Karina.
« Je pense que cela doit être une situation déchirante pour elle. Sa vie a beaucoup changé depuis qu’elle est arrivée au Canada, et cela doit lui briser le cœur », dit-elle.
Parrainer une famille de réfugiés a eu un impact incroyable dans la vie de toutes les personnes concernées. Deux des enfants du groupe ont fait une présentation dans leur classe de 2e année en expliquant que tout le monde pouvait aider les réfugiés.
« On peut apprendre la gentillesse et l’empathie à nos enfants, mais c’est autre chose de leur donner la possibilité de voir comment la gentillesse et l’empathie peuvent réellement changer la vie des gens. Leur donner l’opportunité de créer des liens avec quelqu’un de différent et d’accueillir cette personne dans notre famille est une expérience incomparable dans la vie d’un enfant », explique Nicole.