Helai Noori, 20 ans, lit en braille pendant un cours dans un centre du HCR à Samarkhail, dans la province afghane de Nangarhar. © HCR/Faramarz Barzin
Par Faramarz Barzin à Samarkhel, Afghanistan
Grâce à un soutien adapté, les femmes aveugles acquièrent l’éducation, les compétences et la confiance nécessaires pour devenir plus autonomes et se construire un avenir plus prometteur
Dans une petite salle de classe improvisée d’un village de l’est de l’Afghanistan, des jeunes femmes aveugles suivent un cours de communication. Isolées socialement et souvent maltraitées, elles vivent la plupart du temps derrière des portes closes, privées d’éducation, de compétences essentielles et de possibilités familiales.
Mais dans cette salle de classe – et d’autres similaires mises en place par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et son partenaire WADAN, l’Association pour le Développement de l’Afghanistan – les femmes socialisent, écoutent les expériences des autres et apprennent de nouvelles compétences. Ces compétences les aident à naviguer le monde et à s’épanouir, leur permettant ainsi de développer de la confiance en soi et de l’indépendance.
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Compétences pratiques et soutien psychologique
“Écrire des livres était l’un de mes plus grands rêves.”
Arezo Tawoon, 22 ans, participe à l’un des cours destinés aux femmes déficientes visuelles à Samarkhel. © HCR/Faramarz Barzin
Arezo, une étudiante passionnée, est motivée par sa foi et son désir d’aider les personnes aveugles et malvoyantes. Elle a transcrit une partie du Coran en braille, utilisant des motifs de points en relief sur une page pour représenter les caractères, rendant ainsi le texte religieux accessible aux personnes aveugles. “Écrire des livres était l’un de mes plus grands rêves”, a déclaré Arezo.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, sur les 43 millions d’habitants de l’Afghanistan, plus de 400 000 sont aveugles. De plus, 1,5 million sont malvoyants, et 60 % des cas de cécité sont causés par des cataractes, une condition qui peut être traitée par une chirurgie oculaire simple si les installations médicales sont disponibles.
“Je peux imaginer un avenir meilleur”
Pour Arezo et ses camarades, le programme a ouvert de nouveaux horizons.
Helai a perdu la vue après une rencontre traumatisante avec des militants à l’âge de 14 ans. Pendant des années, elle a lutté contre les sentiments d’isolement et d’incompétence qui ont suivi. “J’ai rencontré beaucoup de problèmes parce qu’auparavant, je pouvais voir”, se souvient Helai, aujourd’hui âgée de 20 ans. “Je ne pouvais plus aller à l’école et j’ai perdu tout espoir dans mon cœur. Ma santé mentale s’est détériorée.”
La possibilité de sortir de chez elle, de rencontrer d’autres femmes aveugles et d’apprendre avec elles a transformé la vision de la vie de Helai. “Je restais à la maison et je ne pouvais aller nulle part. Mais maintenant, je peux faire mes propres tâches et aller où je veux sans guide”, dit-elle. “Venir ici m’a redonné de l’espoir.”
“Maintenant, je maîtrise le braille… Je peux imaginer un avenir meilleur.”
Une autre jeune femme aveugle, Amina, âgée de 20 ans, vit à Jalalabad avec ses parents et neuf frères et sœurs, dont cinq sont également malvoyants. Avant de rejoindre l’initiative du HCR/WADAN, son rêve de devenir enseignante pour les femmes aveugles semblait impossible, mais les compétences qu’elle a acquises pourraient un jour le rendre réalisable.
“Avant, je ressentais un sentiment d’infériorité par rapport aux personnes voyantes, car je ne pouvais ni lire ni écrire. Alors que les autres qui avaient la vue pouvaient aller à l’école et étudier, nous étions encore à la maison et avions constamment des pensées négatives”, a déclaré Amina.
“Maintenant, je connais le braille et j’espère devenir instructrice de braille pour d’autres. Je peux imaginer un avenir meilleur”, a-t-elle ajouté. “Je suis devenue très optimiste et je vois ma vie sous une nouvelle lumière.”
Publié par le HCR, le 2 Juillet 2024.