Une femme se tient devant un poêle à bois dans sa maison.

Shamsa, 32 ans et mère célibataire de deux enfants, dans son habitation au sein d’une installation informelle pour réfugiés syriens dans la plaine de la Bekaa au Liban. © HCR/Nour Jarrous

Par UNHCR Staff

 

Dans une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les célébrations habituelles du mois sacré cèdent la place à une lutte acharnée pour la survie dans un contexte de chocs économiques et de hausse des prix des denrées alimentaires.

Ahmad espérait que le Ramadan offrirait un répit à sa famille cette année. Au cours des deux années précédentes, les célébrations du mois sacré dans le nord du Liban – où ce réfugié syrien de 44 ans vit avec sa femme et ses cinq enfants – avaient été inhabituellement ternes en raison des restrictions imposées par les autorités dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Mais avec le Liban qui traverse la pire crise économique que le pays ait connue depuis une génération – ce qui a fait monter en flèche le prix des denrées alimentaires, du carburant et d’autres produits de première nécessité et a plongé 90% des réfugiés syriens dans le pays dans une pauvreté extrême – durant le Ramadan cette année, Ahmad doit lutter pour nourrir sa famille.

En tant qu’ouvrier du bâtiment, Ahmad n’a trouvé que trois semaines de travail jusqu’à présent cette année, les emplois s’étant taris. Il passe ses soirées à aller de boutique en boutique près de chez lui au Mont-Liban, pour essayer d’acheter des légumes à prix réduit avant qu’ils ne soient jetés, juste pour avoir quelque chose sur la table pour le repas de l’Iftar, à la fin du jeûne chaque jour.

« Dans le passé, nous n’avons jamais pu avoir un Iftar copieux ; mais au moins nous pouvions acheter des dattes et préparer une salade. Cette année, nous aurons un repas simple avec seulement un ou deux ingrédients », explique Ahmad. « Même faire frire des pommes de terre coûte cher, car un litre d’huile coûte l’équivalent d’une demi-journée de travail. »

Dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord, alors que les restrictions liées au Covid-19 ont été largement levées, les ondes de choc économiques de la pandémie sont encore ressenties par des millions de familles déplacées et les communautés qui les accueillent.

L’impact est amplifié par les crises financières qui frappent le Liban et la Syrie et, plus récemment, par le conflit en Ukraine qui oppose deux des plus grands exportateurs mondiaux de céréales et d’oléagineux, et qui a entraîné des hausses de prix allant de 30 à 50% pour des produits de base comme la farine de blé et l’huile de cuisson au Liban, en Syrie et au Yémen.

« Cette année, le Ramadan ne sera pas festif. »

Pour de nombreuses personnes de la région, contrairement aux célébrations et à l’ambiance qui caractérisent habituellement le mois le plus saint du calendrier musulman, le Ramadan de cette année constituera un défi de plus pour fournir une alimentation de base à leurs familles qui jeûnent.

Shamsa, 32 ans et mère célibataire de deux enfants, a fui la Syrie au début de la crise en 2011 et vit actuellement dans un abri en bâche à ossature de bois sur la plaine de la Bekaa au Liban. Ayant récemment lutté contre les éléments au cours de l’un des hivers les plus rigoureux du pays de mémoire d’homme, les perspectives pour sa famille restent sombres.

« La dernière fois que mes enfants et moi avons mangé de la viande, c’était il y a un an, pendant le Ramadan », précise-t-elle. « Cette année, le Ramadan ne sera pas festif. Nous allons manger des haricots. C’est tout ce que je peux me permettre. »

Le tableau est similaire à l’intérieur même de la Syrie, où près de 7 millions de personnes restent déplacées de leurs foyers et où 55% de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire. Pour beaucoup, le Ramadan est un souvenir douloureux d’une époque plus heureuse avant la crise.

Khadija, 31 ans, et sa famille ont fui leur habitation dans le quartier de Bab Dreib à Homs au milieu de combats intenses en 2013, déménageant plusieurs fois en quête de sécurité avant de s’installer dans le quartier d’Al Waer, anciennement assiégé, en 2019.

6257db731
Mahmoud, 53 ans, réfugié syrien, dans un centre d’enregistrement du HCR à Amman, en Jordanie. © HCR/Lilly Carlisle
6257db7b2
Ahmad, un réfugié syrien de 44 ans vivant dans le nord du Liban. © HCR/Theresa Fraiha
6257db7f2
Khadija, 31 ans, et sa famille ont fui leur foyer avant de s’installer dans le quartier d’Al Waer à Homs, en Syrie. © HCR/Saad Sawas
6257db6e4
Mohammad Adam, originaire de la région rurale de Damas, avec sa femme et sa fille à Alger, en Algérie. © HCR/Mohammad Adam

« Pendant le Ramadan, je préparais de nombreux plats pour l’Iftar », se souvient Khadija avec un sourire mélancolique. « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre plus d’un repas car les prix ont explosé. Chaque année – surtout pendant le Ramadan – nous pensons que ce sera le plus difficile, mais ça ne fait que s’aggraver. »

En Jordanie, une récente analyse menée par le HCR, de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et la Banque mondiale a révélé que 64% des réfugiés survivent avec moins de 3 dinars jordaniens (5 dollars) par jour.

« Nous dépendons de l’aide en espèces du HCR. Mais nous avons quatre mois de dettes en termes de loyer », explique Mahmoud, 53 ans, originaire de Damas. « Nous devons également de l’argent à la boutique où nous achetons de la nourriture. Je pense que nous devrons emprunter davantage d’argent pendant le Ramadan. »

Cette année, le HCR a lancé sa campagne annuelle de collecte de fonds pour le Ramadan, dans le but d’aider 100 000 familles dans la région et au-delà, en leur fournissant une assistance en espèces et d’autres formes de soutien.

Cette année, le HCR a lancé sa campagne annuelle de collecte de fonds pour le Ramadan, dans le but d’aider 100 000 familles dans la région et au-delà, en leur fournissant une assistance en espèces et d’autres formes de soutien.

« La situation devient chaque jour plus difficile. »

Même en Algérie, les réfugiés syriens ressentent les effets combinés de la hausse des prix et des ravages économiques causés par la pandémie. Mohammad Adam, originaire de la région rurale de Damas, explique que l’aide que lui et sa famille ont reçue de leurs voisins à Alger s’est tarie, car les habitants et les réfugiés sont tous touchés par la crise.

« Cette année, le Ramadan est plus difficile que jamais, car les personnes qui nous ont aidés au début de la pandémie ont également perdu leur emploi et vivent dans des conditions précaires », explique Mohammed.

Par conséquent, il se voit contraint de s’inquiéter des besoins les plus fondamentaux de sa famille – un toit sur la tête et de la nourriture sur la table – et les célébrations habituelles du Ramadan sont passées au second plan alors que beaucoup se concentrent sur la survie.

« La plupart des réfugiés syriens ici doivent au moins un an de loyer, et la situation devient plus difficile de jour en jour avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas assez à manger. »

Propos recueillis par Paula Barrachina Esteban et Dalal Harb au Liban, Saad Sawas en Syrie, Lilly Carlisle en Jordanie et Marina Villuendas en Algérie.

 

VEUILLEZ FAIRE UN DON POUR SOUTENIR LES SYRIENS DÉPLACÉS

 

Publie par le HCR, le 14 avril 2022.

Pin It on Pinterest