Par UNHCR Staff
Dans une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les célébrations habituelles du mois sacré cèdent la place à une lutte acharnée pour la survie dans un contexte de chocs économiques et de hausse des prix des denrées alimentaires.
Ahmad espérait que le Ramadan offrirait un répit à sa famille cette année. Au cours des deux années précédentes, les célébrations du mois sacré dans le nord du Liban – où ce réfugié syrien de 44 ans vit avec sa femme et ses cinq enfants – avaient été inhabituellement ternes en raison des restrictions imposées par les autorités dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Mais avec le Liban qui traverse la pire crise économique que le pays ait connue depuis une génération – ce qui a fait monter en flèche le prix des denrées alimentaires, du carburant et d’autres produits de première nécessité et a plongé 90% des réfugiés syriens dans le pays dans une pauvreté extrême – durant le Ramadan cette année, Ahmad doit lutter pour nourrir sa famille.
En tant qu’ouvrier du bâtiment, Ahmad n’a trouvé que trois semaines de travail jusqu’à présent cette année, les emplois s’étant taris. Il passe ses soirées à aller de boutique en boutique près de chez lui au Mont-Liban, pour essayer d’acheter des légumes à prix réduit avant qu’ils ne soient jetés, juste pour avoir quelque chose sur la table pour le repas de l’Iftar, à la fin du jeûne chaque jour.
« Dans le passé, nous n’avons jamais pu avoir un Iftar copieux ; mais au moins nous pouvions acheter des dattes et préparer une salade. Cette année, nous aurons un repas simple avec seulement un ou deux ingrédients », explique Ahmad. « Même faire frire des pommes de terre coûte cher, car un litre d’huile coûte l’équivalent d’une demi-journée de travail. »
Dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord, alors que les restrictions liées au Covid-19 ont été largement levées, les ondes de choc économiques de la pandémie sont encore ressenties par des millions de familles déplacées et les communautés qui les accueillent.
L’impact est amplifié par les crises financières qui frappent le Liban et la Syrie et, plus récemment, par le conflit en Ukraine qui oppose deux des plus grands exportateurs mondiaux de céréales et d’oléagineux, et qui a entraîné des hausses de prix allant de 30 à 50% pour des produits de base comme la farine de blé et l’huile de cuisson au Liban, en Syrie et au Yémen.
« Cette année, le Ramadan ne sera pas festif. »
Pour de nombreuses personnes de la région, contrairement aux célébrations et à l’ambiance qui caractérisent habituellement le mois le plus saint du calendrier musulman, le Ramadan de cette année constituera un défi de plus pour fournir une alimentation de base à leurs familles qui jeûnent.
Shamsa, 32 ans et mère célibataire de deux enfants, a fui la Syrie au début de la crise en 2011 et vit actuellement dans un abri en bâche à ossature de bois sur la plaine de la Bekaa au Liban. Ayant récemment lutté contre les éléments au cours de l’un des hivers les plus rigoureux du pays de mémoire d’homme, les perspectives pour sa famille restent sombres.
« La dernière fois que mes enfants et moi avons mangé de la viande, c’était il y a un an, pendant le Ramadan », précise-t-elle. « Cette année, le Ramadan ne sera pas festif. Nous allons manger des haricots. C’est tout ce que je peux me permettre. »
Le tableau est similaire à l’intérieur même de la Syrie, où près de 7 millions de personnes restent déplacées de leurs foyers et où 55% de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire. Pour beaucoup, le Ramadan est un souvenir douloureux d’une époque plus heureuse avant la crise.
Khadija, 31 ans, et sa famille ont fui leur habitation dans le quartier de Bab Dreib à Homs au milieu de combats intenses en 2013, déménageant plusieurs fois en quête de sécurité avant de s’installer dans le quartier d’Al Waer, anciennement assiégé, en 2019.