Lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, Ekaterina et son jeune fils se sont enfuis vers la Roumanie. Émue par le soutien qu’ils ont reçu, elle reconstruit sa vie et noue de nouvelles amitiés.
Par Mark Macdonald et Hannah Mathie à Bucarest, Roumanie | 24 février 2023
Au Seneca Anticafe, une librairie et espace de travail partagé de Bucarest, les livres ukrainiens sont plus nombreux sur les étagères ces derniers temps. Des cours de roumain sont également proposés. Refugiée ukrainienne, Ekaterina fait partie du personnel qui accueille les visiteurs.
Travailler au café permet à Ekaterina, 30 ans, de reconstruire sa vie dans un nouveau pays, de retrouver un peu de la normalité et de l’indépendance qu’elle avait perdues à cause de la guerre qui sévit dans son pays. Ce travail lui offre également l’opportunité d’aider d’autres personnes qui, comme elle, ont été contraintes de fuir leur foyer.
« Il est important de contribuer à donner une lueur d’espoir et de faire savoir aux gens qu’il existe toujours une possibilité de remettre leur vie – et celle de leurs enfants – sur le bon chemin », déclare la jeune femme.
« Ekaterina sait comment parler aux gens, elle est douée pour cela », souligne Stefania, collègue et amie d’Ekaterina.
Mais les bénéfices ne se limitent pas aux clients, car Ekaterina a su donner un visage humain à la guerre dans l’Ukraine voisine. « Je pense qu’elle nous a aidés à être plus empathiques », renchérit Stefania.
Ekaterina compte parmi les 8 millions de réfugiés qui ont trouvé refuge à travers l’Europe depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, tandis que 5 autres millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays.
« Le jour où la guerre a commencé, mon mari et moi avions du mal à y croire », raconte Ekaterina. « Cela nous semblait être une sorte de cauchemar ».
Alors que les villes voisines étaient attaquées, la famille savait que ce n’était qu’une question de temps avant que la violence ne s’étende à leur propre ville. Après avoir passé deux semaines à s’abriter des terrifiants bombardements aériens, Ekaterina a compris qu’elle devait fuir.
« Je devais abandonner ma maison et ma carrière, tout laisser tomber, quitter le pays et sauver mon enfant. C’était la chose la plus importante pour moi à ce moment-là. »
Après avoir dit au revoir à son mari et à son chien, et avoir glissé quelques affaires dans une valise, Ekaterina et son fils ont embarqué dans un train bondé avec d’autres familles en fuite, toutes aussi désemparées, effrayées et incertaines face à l’avenir.
Ensemble, ils ont d’abord voyagé vers la République de Moldova, puis vers la Roumanie, qui accueille aujourd’hui 109 000 réfugiés ukrainiens, pour la plupart des mères avec enfants, comme Ekaterina.
« Pendant les premiers mois, j’étais perdue. »
Au départ, Ekaterina avait prévu de poursuivre son voyage, mais l’accueil chaleureux dont elle et son fils ont bénéficié en Roumanie a contribué à sa décision de rester dans le pays. Lorsqu’ils ont franchi la frontière par exemple, ils ont été accueillis chaleureusement, avec un repas chaud et des jouets en cadeau. Cependant, leur vie venait d’être totalement bouleversée.
« Au début, j’étais brisée, j’étais déprimée. Pendant les premiers mois, j’étais perdue », confie Ekaterina. « Je ne savais pas ce qui allait se passer ensuite, ni à quoi ressemblerait ma nouvelle vie ».
« Mais [ensuite] j’ai entendu parler des programmes d’aide aux réfugiés », poursuit-elle. « Cela nous a vraiment beaucoup aidés ». L’un des principaux centres de soutien communautaires de la capitale Bucarest est RomExpo, un ancien entrepôt que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a réaménagé. Ici, les réfugiés comme Ekaterina peuvent recevoir de l’aide comme des informations sur la protection, des conseils, des soins de santé, une aide en espèces et un soutien pour trouver un emploi.
Ekaterina était photographe de mariages avant la guerre mais elle a pris goût à son nouvel emploi dans le café, qui lui a permis d’être logée gratuitement à proximité. L’aide en espèces du HCR a permis d’acheter des produits de base pour leur nouvelle vie, comme de la literie et des vêtements pour son fils, qui n’avait que les vêtements d’hiver avec lesquels il avait fui.
Bien qu’ils rêvent de retourner chez eux, pour l’instant Ekaterina et son fils se sentent en sécurité et bien installés.
Ayant trouvé ses marques en Roumanie, Ekaterina souhaite aider les autres à faire de même. « Il est très important d’aider les personnes qui fuient la guerre, car on ne peut pas commencer sa vie dans un nouveau pays sans connaître la langue, sans argent, sans maison, sans vêtements », souligne-t-elle.
Au café, elle se lie d’amitié avec les clients et les collègues. « Elle nous aide dans tous les domaines, il ne s’agit pas seulement de la langue », déclare Stefania, décrivant les interactions d’Ekaterina avec les clients ukrainiens du Seneca Anticafe.
« Nous avons découvert qu’elle est une excellente photographe, nous sommes donc plus beaux grâce à elle ! » plaisante-t-elle.
Publie par le HCR, le 24 février 2023.