De Samuel Otieno à Kakuma, au Kenya
Eliana était enceinte de quatre mois lorsqu’elle a entendu parler du premier cas de coronavirus dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le nord-ouest du Kenya.
« Après la fermeture de la plupart des services, j’avais peur que les hôpitaux ferment aussi », explique cette réfugiée burundaise. « Par la suite, quand j’ai vu que les hôpitaux restaient ouverts, j’ai été soulagée. »
Pendant notre entretien, alors qu’elle balayait sa petite boutique, elle devait s’arrêter de temps en temps pour prendre de grandes respirations. Son commerce est sa grande fierté.
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« J’ai lancé cette activité pour gagner de l’argent afin de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille », explique Eliana, qui gère ce commerce avec son mari.
Toutefois, leurs moyens de subsistance ont subi les lourdes conséquences de la pandémie de COVID-19.
« Le prix des marchandises a beaucoup augmenté, et seulement quelques clients viennent désormais dans ma boutique », dit-elle.
Pour les mamans comme Eliana, l’augmentation des prix et les restrictions de déplacement ont également compliqué l’approvisionnement en articles essentiels comme la possibilité d’acheter des vêtements d’occasion pour leurs bébés et des aliments frais pour rester en bonne santé et se sentir bien.
« Pendant ma première grossesse, j’arrivais facilement à me procurer des fruits frais. Mais aujourd’hui, c’est difficile d’en trouver sur le marché », explique-t-elle.
Heureusement, grâce à la maternité de la clinique de Natukobenyo, gérée par la Société de Croix-Rouge kényane (Kenya Red Cross Society – KRCS), un partenaire de santé de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Eliana a pu continuer à effectuer ses visites médicales de routine, et ce, malgré la pandémie.
La KRCS a engagé des promoteurs de santé communautaires, dont des réfugiés, pour réaliser un suivi régulier auprès des femmes enceintes du camp, comme Eliana, pour s’assurer qu’elles bénéficient de soins prénataux dans les établissements de santé voisins.
Grâce au Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID-19 et à la Fondation des Nations Unies, le HCR et ses partenaires assurent la continuité des services médicaux essentiels, comme les vaccinations de routine, les services de santé génésiques pour les grossesses et les accouchements, les soins d’urgence et d’autres services dans tous les établissements de santé du camp de réfugiés de Kakuma et de la communauté de Kalobeyei. Ces activités viennent s’ajouter aux autres interventions de lutte contre la COVID-19, comme le dépistage et le traitement de la maladie.
Dre Jesse Muriithi, agente de santé publique du HCR à Kakuma, est reconnaissante pour le soutien fourni par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Celui-ci a contribué à mener une lutte soutenue contre la COVID-19 dans le camp qui accueille plus de 198 000 réfugiés, et où 307 cas ont été dépistés depuis que le premier cas s’est déclaré en mai dernier.
« Le camp étant densément peuplé, il existe un risque élevé que la COVID-19 s’y propage rapidement », explique Dre Muriithi. « Le soutien de l’OMS a permis d’équiper les agents de santé et les réfugiés afin de prévenir la transmission du virus et d’éviter des décès évitables. »
Entre janvier et novembre 2020, 4 753 bébés réfugiés et kényans ont vu le jour dans des établissements de santé du camp de Kakuma et de la communauté de Kalobeyei. Plus de 3 140 de ces accouchements ont eu lieu depuis le mois de mai, date à laquelle le premier cas de COVID-19 a été signalé dans la région.
En octobre, Eliana a donné naissance à une petite fille en bonne santé et l’a nommée Christena, en l’honneur de son mari, Christophe.
« Normalement, la naissance d’un bébé est célébrée par un convoi de motocyclistes. La tradition veut qu’ils hululent sur tout le chemin du retour et le voisinage se réunit pour accueillir le bébé », explique-t-elle.
Si ce défilé festif n’est plus possible à cause de la pandémie, Eliana est toutefois reconnaissante d’avoir accouché en toute sécurité d’un bébé en pleine santé.
Au Kenya, où l’épidémie de COVID-19 représente un autre défi risquant d’éclipser les besoins humanitaires existants des personnes les plus vulnérables, la contribution du Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID-19 fait néanmoins toute la différence. Ce fonds permet de renforcer les activités du HCR en réponse à la situation actuelle, notamment en apportant une assistance médicale aux cliniques et hôpitaux des différentes zones d’accueil des réfugiés du pays, auxquels la population hôte peut également avoir accès.
Publié par le HCR le 15 février 2021.