Wanita Arajani (deuxième à partir de la gauche), 70 ans, et sa famille dans la communauté de réinstallation de Valle Vista, près de la ville de Zamboanga, Philippines. La communauté est composée de Sama Bajau, un groupe ethnique autochtone. © HCR/Roger Arnold

Un programme de délivrance de documents d’identité appuyé par le HCR vise à s’assurer que les Sama Bajau, un peuple autochtone des Philippines, puissent avoir accès à l’éducation, aux soins de santé et au logement.

Quand elle était enfant, Wanita Arajani vivait la vie traditionnelle de son peuple, des nomades qui vivaient de la mer et naviguaient entre les Philippines, la Malaisie et l’Indonésie. Rares étaient ceux qui allaient à l’école, qui apprenaient à lire ou à écrire ou jouissaient d’une nationalité.


« Avant, avoir un certificat de naissance, ça n’avait aucun intérêt, ce n’était pas une priorité », explique Wanita, aujourd’hui grand-mère et âgée de 70 ans, assise devant sa cabane en bois sur pilotis, à l’est de la ville de Zamboanga, aux Philippines, où elle vit aujourd’hui avec sa famille.

En 2013, l’existence des Sama Bajau a été brutalement transformée par l’éruption du conflit à Zamboanga où des militants armés ont tenté de déclarer l’autonomie de la région. Les affrontements ont poussé sa famille et des milliers d’autres à se réfugier dans des centres d’évacuation établis par le gouvernement.

Dans les centres d’évacuation, les enseignants ont encouragé les familles à scolariser leurs enfants dans les écoles proches. C’est à cette occasion que Wanita a appris que sa petite-fille devait avoir un certificat de naissance pour pouvoir poursuivre ses études.

Elle a également découvert que des documents d’identité étaient essentiels pour éviter aux membres de sa famille de se faire arrêter pendant les contrôles de sécurité et assurer aux membres de cette communauté longtemps marginalisée l’accès aux soins de santé et au logement dans le pays.

« On a du mal à accéder aux services et on craint toujours la discrimination. »

« On a du mal à accéder aux services et on craint toujours la discrimination parce qu’on est des Sama Bajau », dit Wanita. « Mais quand on aura un certificat de naissance, on se sentira plus respectés et on pourra vivre plus dignement. Je me sentirai valorisée en tant que citoyenne. »

Les Philippines sont le seul pays d’Asie du Sud-Est à avoir adopté un plan d’action national pour mettre fin à l’apatridie. Les autorités philippines ont identifié cinq populations à risque, dont les Sama Bajau. Selon les estimations, entre 10 000 et 15 000 Sama Bajau vivent dans la seule zone de Zamboanga et près de 85 % d’entre eux n’ont pas de certificat de naissance.

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La vie quotidienne des résidents de la communauté de réinstallation de Valle Vista, près de Zamboanga, Philippines. La communauté est composée de deux groupes ethniques, les Sama Bajau et les Tausug. © HCR/Roger Arnold
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Les résidents vendent du poisson sur les étals de la communauté de réinstallation de Valle Vista, près de Zamboanga, Philippines. La communauté est composée de deux groupes ethniques, les Sama Bajau et les Tausug. © HCR/Roger Arnold
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Une fillette en train de porter de l’eau dans la communauté de réinstallation de Valle Vista, près de Zamboanga, Philippines. La communauté est composée de deux groupes ethniques, les Sama Bajau et les Tausug. © HCR/Roger Arnold
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Meriam Palma, employée du HCR sur le terrain, avec Wanita Arajani près de la ville de Zamboanga, Philippines. © HCR/Roger Arnold

Dans un effort concerté pour résoudre leur situation, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille depuis 2016 en étroite collaboration avec la communauté, les collectivités locales et la Commission nationale des peuples autochtones.

Un projet pilote appuyé par le HCR et l’UNICEF débutera en octobre afin d’enregistrer 1500 personnes de la communauté. Grâce à une étroite collaboration avec les autorités gouvernementales, dont une unité mobile du Bureau de l’État civil, l’objectif est de délivrer des documents à ces familles d’ici la mi-décembre.

« Quand ils obtiendront leurs papiers d’identité, ils auront davantage de possibilités, notamment par rapport à l’éducation, et ils pourront apprendre à lire et à écrire », dit Meriam Palma, employée du HCR sur le terrain, qui travaille pour la protection et la lutte contre l’apatridie.

« Ces documents sont importants pour leur permettre de faire valoir leurs droits en tant que tribu et en tant que peuple », ajoute-t-elle.

Avant le lancement de cette initiative, Wanita avait déjà réussi à obtenir un certificat de naissance pour Pirina, sa petite-fille de 15 ans, afin qu’elle puisse passer de l’école primaire au secondaire.

Pirina, 15 ans et petite-fille de Wanita Arajani, dans le logement familial près de la ville de Zamboanga, Philippines. © HCR/Roger Arnold

« Je suis la seule de la famille à avoir achevé ma scolarité primaire », dit Pirina dont la photo de remise de diplôme est accrochée bien en vue sur le mur du logement familial.

Elle dit qu’elle adore l’école parce qu’elle aime apprendre et que les enseignants sont bienveillants et gentils avec elle. Elle comprend aussi très bien en quoi son certificat de naissance lui sera utile à l’avenir. « Ça sera plus facile pour pouvoir poser ma candidature et trouver un travail. »

« Tu es l’espoir de la famille », renchérit sa grand-mère. « Moi je suis illettrée, alors on est tous accrochés à toi pour que tu nous aides. »

Wanita est enthousiaste à l’idée que le reste de sa famille bénéficiera bientôt du projet pilote.

« L’avenir est plus lumineux. C’est comme si vous nous donniez une lampe à pétrole pour éclairer notre chemin. »

« Je suis vraiment heureuse. J’ai l’esprit tranquille », dit-elle. « Même si c’est trop tard pour mes fils et mes filles, je m’assurerai que tous mes petits-enfants, garçons et filles, puissent aller à l’école. J’ai le sentiment que c’est leur nouvel espoir pour avoir une vie meilleure. Je ferai de mon mieux pour les envoyer à l’école tant que je serai en vie. »

Les Sama Bajau considèrent la mer comme leur patrie et vivre loin de la mer n’est pas leur choix. Ils ont été contraints de se sédentariser depuis l’adoption de la Loi sur le réseau national de zones protégées intégrées qui interdit les constructions dans différentes zones protégées, dont le littoral où ils vivent. Il est donc essentiel pour eux d’avoir des droits sur la terre ferme.

« L’avenir est plus lumineux. C’est comme si vous nous donniez une lampe à pétrole pour éclairer notre chemin », dit Wanita dans un grand sourire.

Dans le monde, des millions de personnes telles que Wanita sont à risque d’apatridie et des millions d’autres ne sont pas reconnus comme citoyens par un quelconque pays, ce qui fait d’eux des apatrides. L’apatridie signifie que des choses élémentaires, tenues pour acquises par la plupart des gens, comme la liberté de mouvement, l’accès aux traitements médicaux, l’éducation, la recherche d’emplois ou même l’achat d’une carte SIM pour son téléphone peuvent devenir un combat quotidien.

Découvrez comment vous pouvez apporter un plus dans l’existence de personnes telles que Wanita en adhérant à la Campagne #Jexiste du HCR qui vise à mettre fin à l’apatridie sous 10 ans.

Publie par le HCR, le 25 septembre 2019

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