Par Catherine Traer et Gisèle Nyembwe
LEVIS, Canada – Catherine Dufort, une étudiante en Sciences humaines et Langues au Cégep de Lévis-Lauzon, ne s’est pas laissé intimider par la tâche colossale de convaincre toute une administration pour parrainer un(e) réfugié(e) à venir étudier dans son cégep.
« Ça n’a pas été facile, mais j’ai su faire preuve de persévérance et garder mes objectifs en vue, et plein de gens ont fini par s’impliquer. Ainsi, les étudiants, les enseignants et la direction se sont joints rapidement à ce grand projet. »
Après s’être elle-même inspirée de ce que font les comités locaux de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC) dans les universités à travers le pays, Catherine a cherché à monter un comité dans son cégep.
« Sincèrement, j’ai toujours pensé qu’il est essentiel d’agir en cohérence avec ses valeurs. Puisque les projets de l’EUMC portent sur la condition des femmes, l’éducation, les enjeux des réfugiés et le développement durable, j’ai tout de suite pris à cœur la création d’un comité local dans mon établissement scolaire pour parrainer un(e) étudiant(e). »
Les réfugiés ainsi parrainés ont une chance unique de voir s’ouvrir les portes de l’éducation postsecondaire sur les campus canadiens. Ils ont non seulement accès à l’enseignement supérieur mais au travers de la résidence permanente qu’ils obtiennent en arrivant, une opportunité de se construire une nouvelle vie au Canada.
Si une telle initiative peut être bénéfique pour les jeunes réfugiés, le parrainage d’étudiants réfugiés suscite aussi beaucoup d’enthousiasme auprès des étudiants canadiens. Ceux-ci doivent en effet réunir les fonds nécessaires pour soutenir les réfugiés pendant leur première année d’études au Canada, et les encadrer dès leur arrivée.
« Je suis très fière de nos réalisations : le parrainage de réfugiés est très réaliste et possible. Notre projet va voir le jour en août prochain et on a tous hâte de voir qui viendra au cégep comme étudiant(e). »
Ainsi, d’après une étude réalisée en 2017, 96% des réfugiés ayant bénéficié de ce programme ont terminé leur cycle postsecondaire, et beaucoup d’entre eux ont l’intention de poursuivre leurs études. La majorité de ces étudiants réfugiés (80 pourcent) obtiennent du travail dans leur domaine d’étude après l’obtention de leur diplôme.
Surtout répandu dans les universités à travers le Canada, le programme de parrainage d’étudiants réfugiés reste peu connu dans les cégeps au Québec. Le désir ardent de vouloir changer les choses au Cégep de Lévis-Lauzon semble s’être propagé dans plusieurs autres cégeps qui aujourd’hui envisagent d’emboiter le pas.
Vu le déclin rapide de places disponibles de réinstallation des réfugiés dans le monde et l’impossibilité pour la grande majorité d’entre eux d’avoir accès à une éducation postsecondaire, le programme de parrainage d’étudiants réfugiés constitue une façon pour le Gouvernement canadien, l’EUMC et les cégeps de répondre à l’appel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de fournir des places supplémentaires de réinstallation des réfugiés.
Moins de 1% parmi les 17,2 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR dans le monde ont été réinstallés en 2016. Aujourd’hui seul 1% des réfugiés ont accès à l’enseignement supérieur, contre 36% pour l’ensemble des jeunes à travers le monde ou encore 80% des jeunes canadiens.
Avec près de 100 partenaires dans les établissements postsecondaires canadiens, l’EUMC a soutenu au cours des quatre dernières décennies près de 1900 jeunes réfugiés originaires de plus de 39 pays. Le HCR espère que plusieurs cégeps vont rapidement se joindre à cet effort.
D’autres cégeps peuvent consulter ce manuel qui leur servira de mode d’emploi pour parrainer à leur tour de jeunes réfugiés sur leurs campus.