La caméra se concentre sur cinq personnes, deux adultes et trois enfants. Leurs dos sont tournés vers la caméra, tandis que les provisions sont transportées dans la direction du soleil. La zone est encore plus sombre que.

Des réfugiés soudanais nouvellement arrivés dans la ville frontalière d’Adre, au Tchad. © HCR/Andrew McConnell

Ceci est un résumé des déclarations de Dominique Hyde, Directrice des relations extérieures du HCR – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 8 novembre 2024 au Palais des Nations à Genève.


La poursuite des combats au Soudan est à l’origine de la pire crise de protection des civils que le monde ait connue depuis des décennies – et la communauté internationale n’y prête pas attention.


Cette semaine, nous avons franchi un cap particulièrement tragique. Depuis que la guerre a éclaté il y a 19 mois, plus de 3 millions de personnes ont été contraintes de fuir le Soudan, en quête de sécurité dans les pays voisins et au-delà. Cela fait plus d’un an et demi de souffrances inimaginables, d’atrocités brutales et de violations généralisées des droits humains. À chaque minute qui passe, des milliers de vies sont anéanties par la guerre et la violence, loin de toute attention.

L’exode depuis le Soudan se poursuit, atteignant des niveaux jamais vus depuis le début de la crise. Rien qu’en octobre, quelque 60 000 Soudanais sont arrivés au Tchad à la suite d’une escalade des combats au Darfour et du retrait des eaux de crue.

Ces personnes arrivent dans un état désespéré, avec pour seul bagage les souvenirs des violences inimaginables dont elles ont été témoins et auxquelles elles ont survécu – des choses que personne ne devrait avoir à endurer.

Ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut dans ce conflit violent. Ceux qui ont réussi à s’enfuir au Tchad décrivent les atrocités commises : civils terrorisés, maisons pillées, personnes et animaux tués. Nombreux sont ceux qui ont été contraints d’assister à la mort de leurs proches. Des personnes ont été prises pour cible en raison de leur appartenance ethnique ; des hommes et des garçons ont été tués et leurs corps brûlés. Des femmes ont été violées pendant leur fuite. De nombreuses personnes se souviennent des corps qu’elles ont vus abandonnés au bord de la route alors qu’elles fuyaient pour se mettre à l’abri.

Un pourcentage alarmant de 71 % des réfugiés arrivant au Tchad déclarent avoir été victimes de violations des droits humains au Soudan alors qu’ils fuyaient. Les niveaux de traumatisme sont terribles. Des familles entières sont en état de choc après avoir fui ces horreurs et vivent toujours dans la peur, bien qu’elles se trouvent désormais en relative sécurité.

Les pays de la région font leur part, mais les besoins sont immenses dans de nombreux pays d’accueil, dont les populations avaient déjà d’importants besoins humanitaires. Les pays voisins sont débordés et les infrastructures nationales souffrent de la pression exercée par les arrivées incessantes.

Le Tchad est devenu un lieu de refuge pour plus de 700 000 Soudanais – en majorité des femmes et des enfants – contraints de fuir leur foyer depuis le déclenchement de la terrible guerre qui frappe le Soudan. Il s’agit de l’arrivée de réfugiés la plus importante de l’histoire du Tchad. Cette population s’ajoute aux plus de 400 000 Soudanais qui vivaient déjà dans une situation de déplacement prolongé dans l’est du pays, ce qui porte à plus de 1,1 million le nombre total de réfugiés soudanais dans le pays.

Adre est une petite ville frontalière de 40 000 habitants, mais sa population a été multipliée par sept et accueille aujourd’hui 230 000 réfugiés soudanais, dont beaucoup passent des mois dans des conditions difficiles, en attendant d’être transférés à l’intérieur des terres.

Malgré les efforts déployés, le système de santé est délabré, avec un seul médecin pour 24 000 patients, ce qui est bien inférieur au standard d’urgence d’un médecin pour 10 000 personnes. L’accès à l’eau est insuffisant. L’éducation reste une priorité pour les familles, mais la plupart des enfants n’ont pas été scolarisés depuis près de deux ans. La nourriture est rare au Soudan et de plus en plus d’enfants franchissent la frontière en état de malnutrition.

D’autres pays voisins, comme l’Égypte, qui est le principal pays d’accueil avec 1,2 million de nouveaux réfugiés soudanais selon les derniers chiffres du gouvernement, ont fait plus que leur possible pour assurer la sécurité des personnes qui fuient, veiller à ce que les enfants puissent aller à l’école, donner aux réfugiés le droit de travailler, de créer de nouvelles entreprises et de contribuer à la vie des communautés qui les accueillent.

L’Éthiopie met en place des zones d’installation intégrées avec le soutien des donateurs, renforçant ainsi les services sociaux existants pour les réfugiés soudanais et leurs hôtes. L’Ouganda, quant à lui, fournit aux nouveaux arrivants des papiers d’identité afin qu’ils puissent mettre à profit leur formation et leurs compétences pour dynamiser les économies locales. En République centrafricaine, les réfugiés soudanais se sont vu attribuer des terres arables qu’ils peuvent cultiver.

En Libye, les communautés locales, y compris les Soudanais installés dans le pays depuis de nombreuses années, ont fait preuve de solidarité et de soutien à l’égard de dizaines de milliers de réfugiés soudanais. Parmi les 3 millions de personnes qui ont fui la violence au Soudan, 650 000 sont des Sud-Soudanais qui retournent dans un pays extrêmement fragile où les besoins humanitaires sont énormes. Néanmoins, nous travaillons avec les autorités et les acteurs du développement pour améliorer les conditions de vie dans les communautés qui les accueillent.

Il s’agit de l’une des principales situations d’urgence au monde mais aussi de l’une des moins médiatisées et des moins financées. Sans un soutien financier substantiel de la part de la communauté internationale, la cohésion sociale et la stabilité de la région seront menacées et des millions de personnes se retrouveront dans une situation désespérée. Le plan régional d’intervention en faveur des réfugiés du Soudan n’est financé qu’à hauteur de 29 % des 1,5 milliard de dollars requis par 86 partenaires.

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Publie par le HCR, le 11 novembre 2024.

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