Shamseh et ses enfants devant leur abri sur le site de Barmaya pour personnes déplacées dans le district d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie. © HCR/Priscilla Gracinda Gomes


Après avoir fui le conflit et refait leur vie, Shamseh et sa famille ont été contraints par le séisme de février dernier de trouver refuge dans un camp isolé où, comme des millions de personnes à travers la région, ils dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie.


Trois ans après avoir fui les bombardements sur Andzara, leur ville d’origine située près d’Alep, Shemseh et sa famille avaient enfin retrouvé un semblant de normalité dans leur vie. Ayant trouvé refuge dans la ville de Jandairis, dans le district d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, ils louaient une maison, l’aîné des enfants était scolarisé dans une école de la région et le couple venait même d’avoir son quatrième enfant.

Mais le 6 février, leur vie a de nouveau basculé suite aux puissants tremblements de terre qui ont frappé le nord de la Syrie et le sud de la Türkiye, tuant plus de 56 000 personnes et en déplaçant des millions d’autres à travers les deux pays.

« Nous dormions lorsque le sol s’est mis à trembler. Je me souviens d’avoir couru chercher mes enfants et de m’être précipitée dehors », raconte Shamseh. « Notre maison ne s’est pas effondrée, mais elle a été endommagée. »

“J’ai peur de retourner dans ma maison”

N’ayant nulle part où aller, ils ont rejoint des proches vivant dans un camp isolé situé en pleine campagne et destiné aux personnes ayant été déplacées au cours des 12 années de conflit en Syrie. Ils ont ainsi rejoint plus de 100 autres familles qui se sont retrouvées sans abri à la suite du séisme. Des tentes et d’autres abris de fortune sont installés à flanc de colline sur le site de Barmaya, qui ne dispose ni d’installations sanitaires ni d’électricité et se trouve à 10 kilomètres de la source d’eau la plus proche.

Le couple et ses quatre enfants occupent un abri constitué de murets de terre et de pierres surmontés d’un toit en bâche plastique. Shamseh raconte avoir découvert un jour un serpent dans leur abri, mais estime qu’il est préférable de vivre là plutôt que de retourner dans la maison qu’ils louaient.

« J’ai peur de retourner dans ma maison à Jandaris », confie-t-elle. « Nous avons besoin de nourriture, de vêtements pour nos enfants et d’eau courante, mais rester dans un abri ici est toujours plus sûr que de retourner dans un bâtiment là-bas. »

Une crise humanitaire qui s’aggrave

Même avant les tremblements de terre, le niveau de souffrance des habitants du nord-ouest de la Syrie était énorme. Les deux tiers de la population totale, soit 4,5 millions de personnes, avaient déjà été déplacés au cours du long conflit qui sévit dans le pays. Et plus de 4 millions de personnes dépendaient de l’aide humanitaire pour subvenir à leurs besoins.

Après le séisme, la situation est devenue encore plus critique. Des milliers de familles comme celle de Shamseh, qui étaient auparavant en mesure de subvenir à leurs besoins, ont tout perdu. D’où le besoin urgent d’une aide de base : abris, nourriture, eau, soins de santé et installations sanitaires.

L’acheminement de l’aide à celles et ceux qui en ont besoin de toute urgence représente un autre défi majeur, car les livraisons d’aide dans la région dépendent en grande partie des convois transfrontaliers en provenance du sud de la Türkiye. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a mis en place des opérations transfrontalières depuis 2014, collaborant avec des ONG locales pour fournir des articles de première nécessité et des solutions d’hébergement. Il gère également les camps et assure des services de protection, y compris un soutien psychosocial et une aide en matière de droits de propriété et d’accès aux documents d’état civil.

Suite aux tremblements de terre, le HCR a immédiatement déployé des articles de secours prépositionnés pour répondre aux besoins les plus urgents et a intensifié ses opérations dans la région. Shamseh compte parmi les personnes qui ont bénéficié de cette aide. Elle a récemment reçu une tente du HCR, qui fournira à sa famille un endroit sûr pour dormir et leur permettra d’utiliser leur ancien abri comme espace de cuisine.

Warda, la sœur de son mari, est veuve et mère de huit enfants. Elle a déménagé avec eux à Barmaya après le tremblement de terre et décrit les défis constants auxquels elle doit faire face pour pouvoir prendre soin de ses enfants dans cet endroit reculé.

« Nous n’avons pas de latrines ni de douches, nous devons donc nous laver à l’intérieur de nos tentes », explique-t-elle. « Nous recevons de l’eau par camion, mais cela ne suffit pas pour laver nos vêtements, notre linge et faire notre toilette. Nous ramassons du bois sur la colline et nous préparons les repas à l’intérieur de notre abri. »

Absence d’instruction

La préoccupation la plus pressante des deux femmes, cependant, est l’absence d’un enseignement de qualité pour leurs enfants et ce que cela implique pour leur avenir. Le fils aîné de Warda a dû abandonner l’école pour trouver du travail et subvenir aux besoins de sa famille, tandis que Hasna, la fille aînée de Shamseh, âgée de 7 ans, est scolarisée dans une petite école proche du camp.

« J’ai peur que mes enfants ne reçoivent pas une bonne formation », explique Shamseh. « L’école de Jandairis était bien meilleure. Celle-ci est temporaire et ne compte que peu d’enseignants. »

Ayant par deux fois tout perdu, Shamseh et sa famille – comme des millions d’autres dans le nord-ouest de la Syrie – s’accrochent maintenant pour survivre et dépendent d’une aide humanitaire régulière pour se maintenir à flot. Comme ils ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux ou voir leur situation s’améliorer, les espoirs de Shamseh pour l’avenir restent simples.

« Tout ce que je veux, c’est la paix et une bonne éducation pour mes enfants. »

Publie par le HCR, le 27 Avril 2023.

Faire un don

Pin It on Pinterest