Ceci est un résumé des déclarations d’Andrew Harper, conseiller spécial du HCR pour l’action climatique – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 29 mars 2022 au Palais des Nations à Genève.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, alerte sur le fait que les inondations prolongées et les déplacements de population au Soudan du Sud devraient s’aggraver avec l’arrivée en mai de la saison des pluies. Il est urgent d’agir pour protéger les populations déjà vulnérables.
Pays fragile qui s’efforce de surmonter les défis politiques et économiques depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud a connu en 2021 les pires inondations jamais enregistrées sur son territoire. Plus de 835 000 personnes ont été affectées, selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies.
Les précipitations record des trois dernières années et les crues des rivières ont inondé des milliers d’hectares de terres agricoles dans huit États et empêché les agriculteurs de cultiver. Près de 800 000 têtes de bétail auraient péri. Cette situation a décimé l’agriculture de subsistance dont la plupart des communautés dépendent pour survivre et a considérablement aggravé l’insécurité alimentaire.
Trente-trois des 79 comtés sont gravement affectés par les inondations, qui ne se sont que partiellement résorbées depuis la dernière saison des pluies. Les conséquences sont particulièrement graves dans les États de Jonglei, d’Unité et du Nil supérieur, où des milliers de personnes ont été déplacées, tandis que d’autres sont bloquées dans des camps entourés de digues, essayant de retenir les eaux de crue avec de la boue, des bâtons et des bâches en plastique.
La saison des pluies qui approche menace d’inonder des communautés extrêmement isolées où les résidents sont déjà cernés par les eaux de crue.
Ces phénomènes climatiques vont s’aggraver à l’avenir, car les extrêmes deviennent la norme et non plus l’exception. À l’échelle mondiale, les inondations et les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et intenses. Les pays en développement, comme le Soudan du Sud, contribuent peu aux émissions de carbone, mais sont les plus affectés.
Lors d’une visite de cinq jours au début du mois, j’ai visité Old Fangak, Malakal, Jamjang et Bentiu et j’ai pu constater les conséquences humaines de ces inondations. Je me suis également rendu au camp de réfugiés de Yida qui à l’opposé est en proie à la sécheresse.
La difficulté d’accéder aux populations les plus vulnérables est un obstacle majeur à la fourniture de l’aide humanitaire. Les infrastructures routières étant en mauvais état ou inexistantes, il est difficile pour l’aide extérieure d’atteindre les endroits éloignés, comme Old Fangak, où l’ancienne piste d’atterrissage est complètement submergée et actuellement inutilisable.
Malgré les multiples difficultés, les habitants ont été extrêmement généreux envers les personnes déplacées par la violence ou les intempéries, partageant souvent les maigres ressources dont ils disposent. Ils ont cependant besoin d’un soutien durable pour éviter des conséquences dévastatrices.
À Old Fangak, j’ai rencontré une femme septuagénaire déplacée à deux reprises, qui passait ses journées dans les eaux troubles des inondations, bouchant désespérément une digue de terre poreuse avec des bâtons et de la boue, pour empêcher l’eau d’envahir la petite enceinte où vit sa famille. C’est vraiment déchirant à voir.
À l’approche des pluies, les habitants de Old Fangkak ont déclaré qu’ils avaient besoin de pompes à eau pour évacuer l’eau de leurs propriétés. Des équipements lourds sont également nécessaires pour construire des barrières solides contre les inondations et des monticules pour garder leur bétail au sec.
Le HCR a fourni des bâches en plastique, des houes, des bêches et des sacs de sable pour aider à renforcer leurs moyens de défense contre les inondations. Le HCR apporte également un soutien aux familles déplacées vers Malakal et d’autres villes.
Si nous n’intensifions pas notre soutien à la population du Soudan du Sud, la crise climatique et l’insécurité persistante entraîneront une nouvelle réduction des ressources, laissant les populations sans moyens de survie.
Nous sommes convaincus que si nous n’agissons pas maintenant, le coût sera très élevé et les conséquences humaines dévastatrices. Une action immédiate est nécessaire pour éviter des pertes considérables, assurer une meilleure préparation et garantir un avenir viable et durable pour tous.
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :
- A Juba, Tim Gaynor, gaynor@unhcr.org, +211 912 349 879
- A Nairobi (régional), Faith Kasina, kasina@unhcr.org, +254 113 427 094
- A Genève, Boris Cheshirkov, cheshirk@unhcr.org, +41 79 433 76 82
- A New York, Kathryn Mahoney, mahoney@unhcr.org, +1 347 443 7646
Publie par le HCR, le 29 mars 2022.