Une personne assise dans une salle de sport sur un banc de musculation, reposant le poids soulevé dans sa main droite et sa main gauche au-dessus de sa tête. Un miroir occupe la majeure partie de l'espace mural à l'avant de la salle.

L’escrimeur en fauteuil roulant Amelio Castro Grueso fait de la musculation dans la salle de sport de la Police d’État Fiamme Oro à Tor di Quinto, à Rome. © HCR/Alessandro Penso

L’escrimeur en fauteuil roulant Amelio Castro Grueso a mené un long et difficile combat pour participer aux Jeux paralympiques 2024 de Paris en tant que membre de l’équipe paralympique des réfugiés

Par Barbara Molinario à Rome, Italie


Dans une salle de sport qui domine le Tibre, Amelio Castro Grueso s’entraîne à toucher un adversaire imaginaire avec une épée, attaché à son fauteuil roulant de sport. Le reste de son entraînement consiste en une série d’étirements, de tractions et d’exercices d’haltérophilie, avec seulement quelques courtes pauses lorsque les autres athlètes s’arrêtent pour l’encourager.


Certains des plus grands athlètes italiens se sont entraînés dans cette salle de sport, qui appartient au département d’athlétisme de la police d’État, dont la star nationale de l’escrime paralympique, Bebe Vio. Amelio espère pouvoir gagner sa place parmi eux lorsqu’il participera aux Jeux paralympiques de Paris 2024 cette semaine.

« Je crois que je vais y arriver », dit-il. « Je vais gagner la médaille paralympique. »

Devenir un exemple à suivre

Amelio est arrivé à l’aéroport de Rome au milieu de la nuit il y a deux ans, après avoir été contraint de fuir son pays. Il ne connaissait personne et n’avait nulle part où aller, mais il était déterminé à ne pas abandonner le sport, qui l’avait aidé à se remettre de l’une des périodes les plus difficiles de sa vie.

Sa mère avait travaillé dur pour que lui et ses cinq frères et sœurs puissent aller à l’école et avoir une vie meilleure, mais elle est morte quand Amelio n’avait que 16 ans. Les années qui ont suivi sa disparition, Amelio a essayé de chercher à mener la vie qu’elle avait rêvée pour lui, mais la situation dans son pays était difficile et ses projets ont été réduits à néant lorsqu’il a été victime d’un accident de voiture et est resté paralysé des jambes.

Il a passé les quatre années suivantes à l’hôpital, période pendant laquelle sa famille a progressivement cessé de venir le voir, jusqu’à ce qu’il perde tout contact avec eux. « Je faisais comme si je m’en moquais, mais ça faisait mal au fond de moi. C’est alors que j’ai trouvé la foi en Dieu, et c’est ce qui m’a fait aller de l’avant », se souvient Amelio.

 

 

« Dès le tout premier jour, j’ai été en phase avec ce beau sport, j’étais accro. »

Amelio

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Amelio à Reims, où l'équipe paralympique des réfugiés s'est réunie pour un camp d'entraînement avant les Jeux paralympiques de Paris 2024. ©HCR/Elif Gulec
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Amelio (à gauche) s'entraîne avec Daniele Pantone, entraîneur du département athlétisme de la police d'État italienne, au gymnase de Rome. © HCR/Alessandro Penso

Après être sorti de l’hôpital et avoir fini sa rééducation, il s’est rendu dans une salle de sport et est tombé sur un match d’escrime. Il a décidé d’essayer et lorsqu’il a gagné le tout premier match qu’il ait jamais joué, il l’a pris comme le signe qu’il devait persévérer. « Dès le tout premier jour, j’ai été en phase avec ce beau sport, j’étais accro. »

Amelio a pris conscience du pouvoir du sport et était résolu à le mettre à profit pour aider d’autres jeunes comme lui en atteignant le plus haut niveau d’escrime possible et en devenant un modèle. « Je pensais écrire un livre sur mon histoire, mais je me suis dit : “Pourquoi des personnes le liraient ? Juste parce que je suis paralysé ?” J’avais besoin d’une meilleure raison pour que les gens écoutent ce que j’avais à dire. »

Travailler dur est payant
À Rome, il a demandé l’asile et a passé six mois dans un refuge pour sans-abri avant de commencer à s’entraîner avec Daniele Pantoni, entraîneur du département athlétisme de la police d’État italienne.

« Ma vie a changé. L’entraîneur et les autres athlètes sont devenus ma famille. Même quand tout n’allait pas bien, j’allais au centre de formation et j’étais heureux », dit-il.

Pour arriver à la salle de sport où il s’entraîne, il lui faut plus d’une heure de trajet dans chaque sens tous les jours, en utilisant des transports en commun qui ne sont pas toujours adaptés aux personnes handicapées. « Parfois, le bus a une rampe d’accès pour le fauteuil roulant, mais la plupart du temps, ce n’est pas le cas. Je passe alors au métro, mais mon arrêt n’a pas d’ascenseur en état de marche, alors je prends l’escalier roulant et je m’accroche fort », dit-il. « Ce n’est pas facile, mais si on veut vraiment quelque chose, rien ne peut vous arrêter. »

En mai, son travail acharné a payé quand il a gagné la médaille d’or au tournoi paralympique italien d’escrime fauteuil. Peu après, le Comité international paralympique a annoncé qu’Amelio s’était qualifié pour faire partie de l’équipe paralympique des réfugiés, qui compte huit athlètes, pour les Jeux de Paris 2024. S’appuyant sur le succès historique de l’équipe olympique des réfugiés, ils ont déjà remporté deux médailles tout en représentant les espoirs et les rêves de 120 millions de personnes déplacées de force dans le monde, dont environ 18 millions de personnes en situation de handicap.

« Avoir une équipe de réfugiés est une très belle chose parce que cela nous permet de nous sentir plus humains », explique Amelio. « On a vraiment l’impression de faire partie d’une communauté et je suis fier d’y appartenir ».

Le message d’Amelio aux autres réfugiés est clair : « Vous pouvez y arriver. Si je l’ai fait, même sans avoir les bonnes conditions ou même les jambes, vous pouvez faire plus encore. »

Publie par le HCR, le 2 septembre 2024.

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