Une femme soudanaise avec un petit enfant sur les genoux est assise en face d'un médecin dans un cabinet médical.

Le fils de deux ans de Fatma Omar, réfugiée soudanaise, est traité pour des problèmes auditifs dans une clinique soutenue par le HCR au Caire, en Égypte. © HCR/Pedro Costa Gomes

Ceci est un résumé des déclarations du docteur Allen Maina, responsable de la santé publique au HCR – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 28 mars 2025 au Palais des Nations à Genève.

GENÈVE – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés alerte sur le fait qu’en l’absence de moyens financiers suffisants, quelque 12,8 millions de personnes déracinées, dont 6,3 millions d’enfants, pourraient être privées de soins de santé vitaux en 2025.

La crise actuelle du financement humanitaire, exacerbée par la baisse des dépenses publiques de santé dans les pays d’accueil, a des répercussions sur la portée et la qualité des programmes de santé publique et de nutrition destinés aux réfugiés et aux communautés d’accueil. Cette situation perturbe l’accès aux services essentiels et augmente le risque d’épidémies, de malnutrition, de maladies chroniques et de problèmes de santé mentale.

Lorsque le soutien aux soins de santé pour les réfugiés devient insuffisant, ces derniers sont contraints de payer de leur poche. Mais ils n’en ont pas les moyens. Ils ont alors du mal à accéder à des services publics déjà sollicités à l’extrême. Comme les coupes budgétaires affectent également les systèmes d’approvisionnement en eau, les installations sanitaires et la gestion des déchets, des épidémies de maladies infectieuses telles que le choléra, la dysenterie, l’hépatite et le paludisme pourraient se propager et menacer de larges populations, avec des conséquences potentiellement mortelles. La réduction du financement pourrait également considérablement ralentir les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH dans les contextes humanitaires.

Voici quelques exemples de l’impact des coupes budgétaires en matière de santé :

Au Bangladesh, environ un million de réfugiés rohingyas sont confrontés à une grave crise sanitaire en raison du gel des financements, qui compromet l’accès aux services médicaux essentiels. Dans le cadre des programmes soutenus par le HCR, plus de 40 000 femmes enceintes risquent de perdre l’accès aux soins prénatals, et 5 000 d’entre elles risquent d’accoucher dans des conditions dangereuses. De plus, 19 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë risquent de ne plus pouvoir bénéficier de traitements vitaux, tandis que 10 000 réfugiés souffrant de maladies potentiellement mortelles ne pourront pas accéder aux soins de santé secondaires et tertiaires. Les services de santé mentale sont également en danger, 200 000 réfugiés risquant de ne plus pouvoir accéder aux soins de santé primaires, y compris aux soins de santé mentale et au soutien psychosocial. De plus, 10 000 réfugiés ne pourront pas bénéficier d’un traitement contre l’hépatite C. Sans un soutien financier immédiat, les systèmes de santé des camps de réfugiés s’effondreront, mettant en péril des milliers de vies.

Au Burundi, la suspension des programmes de nutrition dans plusieurs camps implique que des milliers d’enfants réfugiés de moins de cinq ans ne pourront pas recevoir de traitement adéquat contre la malnutrition. Sans soutien supplémentaire, on estime que 10 000 femmes réfugiées enceintes pourraient perdre l’accès aux soins prénatals, ce qui augmenterait le risque de complications et de décès maternels évitables. Les établissements de santé locaux, qui fonctionnent déjà au-delà de leurs capacités, se préparent à une nouvelle augmentation du nombre de patients et à des épidémies de maladies transmissibles telles que le choléra, notamment dans la province de Cibitoke qui accueille les arrivées en provenance de la République démocratique du Congo, où 11 cas de choléra ont été enregistrés parmi les réfugiés congolais. Ils bénéficient actuellement d’un traitement.

En République démocratique du Congo, le système de santé est au bord de l’effondrement. Les ressources financières allouées au secteur sont insuffisantes pour répondre aux besoins urgents en matière de soins vitaux. Le budget santé du HCR pour 2025 a été réduit de 87 % par rapport à 2024, ce qui a des conséquences graves et immédiates. Les établissements de santé sont débordés et confrontés à une grave pénurie de personnel médical et de fournitures. Les médicaments essentiels s’épuisent et les transferts vers les établissements de soins secondaires ne sont plus garantis. Les perturbations dans l’approvisionnement en eau ont entraîné des cas de choléra, ce qui laisse présager une menace imminente d’épidémies de maladies infectieuses. Les conséquences des coupes budgétaires sur la santé risquent d’être dévastatrices, exposant plus de 520 000 réfugiés à un risque accru de maladies infectieuses et de décès.

Tous les traitements médicaux pour les réfugiés en Égypte ont été suspendus, à l’exception des procédures d’urgence vitales. Sont notamment concernés les opérations chirurgicales programmées, le traitement des pathologies graves et les médicaments pour les maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension, qui, s’ils ne sont pas traités, peuvent avoir des conséquences désastreuses. Au moins 20 000 patients seront touchés, dont de nombreux réfugiés ayant fui la guerre au Soudan.

Dans la région de Gambella en Éthiopie, les coupes budgétaires affectent gravement les services de nutrition, entraînant la fermeture des opérations dans quatre des sept sites de réfugiés en février. En conséquence, neuf enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère ont dû être transférés vers des programmes ambulatoires avant leur guérison, ce qui a probablement entraîné leur décès. Actuellement, 980 cas de malnutrition aiguë sont pris en charge par seulement deux membres du personnel, ce qui nuit considérablement à la qualité des soins. Le manque de financement menace de plonger 80 000 enfants de moins de cinq ans dans une situation de malnutrition potentiellement mortelle. La suppression des programmes communautaires de santé sexuelle et reproductive entraînera probablement une augmentation de la mortalité maternelle et néonatale.

En raison des coupes budgétaires en Jordanie, 43 000 réfugiés risquent de perdre l’accès aux soins de santé primaires et aux aides financières pour la santé, ce qui expose 335 000 femmes en âge de procréer au risque de ne pas recevoir les services essentiels en matière de soins maternels.

Le camp de réfugiés de Maratane au Mozambique accueille 8 000 réfugiés et demandeurs d’asile, et les communautés d’accueil environnantes dépendent également du camp pour des services tels que l’éducation et les soins de santé. L’année dernière, un centre de soins de santé soutenu par le HCR à Maratane a assuré plus de 80 000 consultations auprès des réfugiés et des membres de la communauté d’accueil. Cependant, ce soutien a été fortement affecté par une réduction de 50% de l’aide. Les contraintes de financement ont également entraîné des réductions importantes en matière de services de santé mentale et de soutien psychosocial, ainsi que d’aide alimentaire complémentaire visant à améliorer les conditions nutritionnelles de 300 personnes. D’autres services essentiels soutenus par des partenaires, tels que le traitement médical des survivants de violences sexistes, les soins de santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les filles, le dépistage et le traitement du VIH et de la tuberculose, ainsi que l’orientation vers une aide alimentaire pour les mères séropositives, sont également affectés.

Le chiffre estimé de 12,8 millions de personnes déracinées risquant de se retrouver sans assistance médicale est basé sur une enquête menée par l’équipe médicale du HCR auprès de toutes les opérations où l’agence met en œuvre des programmes de santé. Chaque jour que durera cette incertitude financière, l’impact sur la vie des millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui leurs foyers pour trouver refuge à travers le monde s’intensifiera.

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Initialement publié par le HCR le 28 mars 2028

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