At least 26 people carry their belongings as they walk down a road filled with rubble. The road is surrounded by mounds of dirt and sand, with grass being sparse.

People crossing into Syria carry their belongings down a road strewn with rubble following a recent Israeli airstrike. © UNHCR/Houssam Hariri

Plus de 250 000 personnes sont entrées en Syrie depuis le début de l’escalade du conflit au Liban, il y a deux semaines. Soixante-dix pour cent d’entre elles sont des Syriens qui s’étaient réfugiés au Liban

Par Ola Kabalan et Houssam Hariri à Damas, Syrie

Lorsque Fadila Jasem Al-Ali a fui la Syrie avec ses jeunes enfants pour se réfugier au Liban, elle n’aurait jamais imaginé qu’ils feraient le voyage inverse quelques années plus tard, les bruits des bombardements retentissant à nouveau dans leurs oreilles.


Veuve à 28 ans, Fadila a fui sa ville natale d’Abu Kamal, dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, à l’est de la Syrie, lorsque les combats se sont intensifiés. Espérant protéger ses cinq fils et sa fille du chaos de la guerre, elle a trouvé refuge dans la banlieue sud de la capitale libanaise, Beyrouth.

Mais ce refuge est devenu un endroit dangereux il y a deux semaines, lorsque les frappes aériennes israéliennes ont commencé à viser des dizaines de villes à travers le pays, y compris la banlieue sud de Beyrouth.

« Lorsque les bombardements ont commencé, j’étais en train de prier et mes enfants dormaient », raconte-t-elle. « Je me suis assise, prise de tremblements incontrôlables, incapable de rester debout à cause de la peur. J’étais terrifiée pour mes enfants plus que pour moi-même ».

Fuir en catastrophe

Elle a emmené ses enfants en toute hâte hors de leur habitation, certains n’étant qu’à moitié vêtus, au moment où l’immeuble situé en face de chez eux a été touché par une frappe aérienne et s’est effondré.

Après avoir d’abord pris la direction de la côte dans la panique, Fadila a ensuite changé de direction et s’est rendue par la route jusqu’à la frontière syrienne, où elle a appelé sa cousine Oum Masoud, qui vit à Damas, la capitale.

« Je lui ai dit que j’étais à la frontière sans argent pour la rejoindre. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas grand-chose mais m’a assuré qu’elle viendrait ».

Fidèle à sa promesse, Oum Masoud a emprunté de l’argent pour louer une voiture jusqu’à la frontière et a récupéré Fadila et ses enfants, ainsi que deux autres familles qui voyageaient avec eux.

« Où pouvaient-ils aller ? », se demande-t-elle. « Je les ai amenés ici, je les ai accueillis. Les gens doivent se soutenir les uns les autres en ce moment ».

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a conclu une visite en Syrie mardi en appelant à un soutien international accru pour toutes les personnes contraintes de fuir le conflit qui s’intensifie au Liban, y compris les Syriens, les Libanais et les personnes d’autres nationalités. On estime que 250 000 personnes ont franchi la frontière syrienne depuis le 23 septembre et la majorité – environ 70 pour cent – sont des Syriens comme Fadila qui avaient déjà fui vers le Liban.

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Un homme en tenue de soirée fait des gestes tout en expliquant quelque chose à une femme portant un couvre-chef. Ils sont assis sur un banc devant un mur de béton percé d'une fenêtre et des coussins sont placés derrière eux. Une boîte de mouchoirs est posée sur le sol en dessous d'eux, tandis qu'un enfant est assis par terre à proximité, regardant le sol. L'ombre d'une autre personne non identifiable se trouve devant la caméra.

Filippo Grandi du HCR s’entretient avec Fadila Jasem Al-Ali dans l’appartement loué par sa cousine à Damas, où sa famille et d’autres personnes vivent actuellement après avoir fui le Liban. © HCR/Houssam Hariri

« Ils ont rejoint le Liban pour échapper à la guerre en Syrie. Ils rentrent maintenant en Syrie pour fuir la guerre au Liban. Nous vivons une situation vraiment inédite qui requiert l’attention de la communauté internationale », a souligné Filippo Grandi depuis le poste-frontière de Jdeidet Yabous.

La route principale reliant les parties libanaise et syrienne du poste frontière ayant été détruite par une frappe aérienne israélienne, les personnes décidées à fuir les bombardements au Liban se voient contraintes de franchir la frontière à pied, avec leurs enfants et tous les biens qu’elles peuvent transporter.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que le Croissant rouge arabe syrien et d’autres agences des Nations Unies et ONG, fournissent de la nourriture, de l’eau et des couvertures aux nouveaux arrivants. Ils les conseillent également en matière de documents d’identité et de procédures administratives. Mais des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence.

« Ces nouvelles arrivées surviennent à un moment où des millions de Syriens vivent dans la précarité et ont eux-mêmes besoin d’une aide humanitaire », explique Filippo Grandi, qui s’est ensuite entretenu avec Fadila et Oum Masoud à Damas. « Nous devons renforcer notre soutien aux nouveaux arrivants et aux communautés vulnérables qui les accueillent ».

Oum Massoud, elle-même déplacée interne en Syrie, accueille aujourd’hui des personnes fuyant la guerre au Liban. Son petit appartement loué dans le quartier de Tadamun, à Damas, est exigu. Trois familles y vivent en plus de la sienne et il n’y a pas beaucoup de nourriture à partager, explique-t-elle. « Je les aide parce que parce que j’ai vécu la même situation qu’eux ».

Publie par le HCR, le 8 octobre 2024.

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