Au Mozambique, quelque 670 000 personnes ont déjà été forcées de quitter leurs foyers dans la province de Cabo Delgado, dans le cadre d’une crise largement ignorée par le reste du monde.
Par Juliana Ghazi à Cabo Delgado
Herculano et sa femme Isabella ont tout abandonné derrière eux lorsqu’ils ont fui leur village de Quissanga, un district de la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique. Ils ont réussi de justesse à fuir avec leurs dix enfants et huit petits-enfants, alors que les maisons voisines étaient rasées.
« Tout ce que j’avais, je l’ai perdu. »
« Nous avons fui à cause des violences », a déclaré Herculano. « Tout ce que j’avais, je l’ai perdu. Les maisons du village ont été brûlées et les habitants ont été torturés. Nous avons vu les insurgés courir après des enfants pour les recruter de force. Nous avons craint pour la vie de nos enfants. »
Herculano et sa famille font partie des 670 000 personnes qui ont été déplacées par l’escalade des violences des insurgés dans certaines régions au nord du Mozambique. Plus de 2000 personnes ont été massacrées depuis le début des attaques en 2017. Par ailleurs des atteintes aux droits humains et le non-respect du droit international humanitaire ont été signalés à maintes reprises.
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Herculano, 64 ans, et Isabella, 50 ans, ont décrit le moment où ils ont fui en février 2020 comme une « scène d’horreur ». La famille a couru pendant des heures, craignant que les insurgés ne les rattrapent. Lorsqu’ils se sont arrêtés, ils se sont cachés dans d’épais buissons, où ils sont restés pendant près d’une semaine avec un peu d’eau, sans nourriture et sans abri. Finalement, ils ont marché jusqu’à l’une des routes principales et ont supplié un chauffeur de camion de les transporter à Pemba, la capitale de Cabo Delgado.
« A notre arrivée à Pemba, nos pieds étaient gonflés et nous avons vu de nombreux enfants non accompagnés sur le bord des routes », raconte Isabella, qui s’estime heureuse d’avoir pu s’en sortir avec toute sa famille.