Les conséquences de la pandémie prolongée de Covid-19, la détérioration des conditions socio-économiques, le déplacement prolongé et l’insuffisance critique des solutions au déplacement suscitent un sentiment de désespoir généralisé parmi les réfugiés, avertit aujourd’hui le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
En se joignant à l’Organisation mondiale de la santé pour célébrer aujourd’hui la Journée mondiale de la santé mentale, le HCR exhorte la communauté internationale à donner la priorité et à renforcer les programmes essentiels pour les soins de santé mentale au bénéfice des réfugiés et des déplacés internes.
« La nécessité de soutenir les soins de santé mentale pour les populations déracinées était déjà essentielle avant la pandémie mais nous sommes désormais confrontés à une urgence et à un tableau de désespoir généralisé », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
« De nombreux réfugiés nous font part de sombres perspectives pour leur avenir. Les problèmes qui les ont poussés à quitter leur pays ne sont pas résolus et ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Beaucoup de ceux qui ont survécu à l’exil en gagnant leur vie dans l’économie informelle ont perdu leur emploi. Ils sont également inquiets pour leur santé et celle de leur famille, ne sachant pas quand la pandémie va se terminer et comment ils peuvent réellement se protéger. Ils constatent une absence de solutions et manquent d’espoir pour l’avenir. »
De manière alarmante, le rapports de terrain font état d’une augmentation des tentatives de suicide depuis le début de la pandémie, y compris parmi les personnes vivant dans des situations de déplacement prolongé. Le nombre de tentatives de suicide parmi les réfugiés en Ouganda a augmenté de manière significative, avec 210 tentatives signalées en 2020 contre 129 en 2019. Au Liban, les appels au centre téléphonique d’assistance géré par le HCR passés par des réfugiés qui pensent au suicide ou à l’automutilation ont également augmenté ces derniers mois.
« Le sentiment de désespoir est croissant durant les appels aux centres téléphoniques d’assistance de la part de réfugiés qui ont peur ou qui nous disent qu’ils ne voient aucune issue à leur situation », a déclaré Filippo Grandi.
Les conséquences de la pandémie affectent également la disponibilité de l’aide, l’écrasante majorité des réfugiés dans le monde, 85%, étant accueillis dans des régions en développement.
« Nous devons investir d’urgence dans des programmes de soins de santé mentale et de soutien psychosocial pour les personnes déracinées et leurs communautés d’accueil. Si nous ne nous préoccupons pas leur bien-être dès maintenant de manière globale, les effets risquent d’être irréversibles et d’affecter plusieurs générations. Dans le cadre plus large de l’assistance, il est essentiel de prêter attention au bien-être mental pour soutenir le développement de sociétés résilientes et mentalement saines. »
Depuis le début de la pandémie, le HCR et ses partenaires ont fourni à plus de 250 000 personnes, y compris des enfants, des services de santé mentale et de soutien psychosocial. L’organisation s’inquiète toutefois du fait que beaucoup d’autres sont en train de passer à travers les mailles du filet.
Le HCR intègre les soins de santé mentale et le soutien psycho-social dans son travail de santé, de protection et d’éducation. Cependant, un soutien plus important est nécessaire pour maintenir et renforcer ces programmes étant donné l’augmentation des besoins.
Avec ses partenaires, le HCR a considérablement renforcé son soutien en matière de santé mentale pendant la pandémie, en adaptant ses dispositifs pour aider les personnes déracinées. Certains services de santé mentale ont été fournis à distance, par téléphone ou par Internet, tandis que des soins cliniques directs ont également été dispensés avec les précautions nécessaires en termes de sécurité.
Des formations ont également été organisées pour le personnel de santé et de protection, les volontaires de proximité, les réseaux de protection communautaires du HCR, le personnel de gestion des camps, le personnel des centres téléphoniques d’assistance et d’autres travailleurs de première ligne, afin d’assurer une aide psychologique aux personnes directement ou indirectement touchées par la pandémie de Covid-19.
Publié par le HCR, le 10 octobre 2020.