Des réfugiés sud-soudanais trouvent un soutien mutuel et ont accès à des soins de santé vitaux dans le camp de réfugiés d’Imvepi.
Par Duniya Aslam Khan dans le camp de réfugiés d’Imvepi, en Ouganda
Par une belle journée ensoleillée dans l’installation de réfugiés d’Imvepi, au nord de l’Ouganda, Inga Viola et Rufas Taban sont assis confortablement à l’ombre d’un jacaranda, feuilletant un vieux registre.
Ils n’ont aucun lien de parenté mais sont liés par leur destin – ils ont tous deux été diagnostiqués positifs au VIH au Soudan du Sud, avant que la guerre civile ne les force à fuir en Ouganda en 2017.
« J’ai été dévastée quand j’ai appris la nouvelle », dit Inga, 32 ans, pour qui le diagnostic a été posé en 2014. « J’avais envie de mettre fin à mes jours, mais j’ai pensé à mes enfants et j’ai décidé de vivre. »
Rufas, 49 ans, acquiesce solennellement. Lui-même a été diagnostiqué en 2011.
Présentés l’un à l’autre dans l’installation de réfugiés d’Imvepi par leur infirmier ougandais, Jedah Twebaze, ils ont rapidement forgé une amitié autour de leurs expériences communes – la profonde détresse suivant l’annonce de leur séropositivité, l’abandon forcé de leur foyer et le défi d’élever leurs enfants respectifs en exil.
« J’ai passé plusieurs jours sans ingérer aucun médicament. Chaque jour sans traitement signifiait se rapprocher de la mort. »
Ils ont formé un groupe de soutien, qu’ils ont appelé le Friendship Serving Group, avec Rufas, un ancien percepteur d’impôts, en tant que secrétaire et Inga comme vice-présidente. Le groupe comprend également une activité de coopérative pour l’épargne et compte actuellement 22 membres sud-soudanais, tous séropositifs.
Ils apportent une contribution à la cagnotte du groupe chaque mois, et partagent l’épargne accumulée à la fin de l’année. Le groupe contribue également à sensibiliser la communauté au VIH, tout en luttant contre la stigmatisation qui y est associée.
« Nous profitons de nos réunions pour parler de notre bien-être, accompagner les membres qui éprouvent des difficultés liées à leur séropositivité et leur donner des conseils », explique Inga.
Elle ajoute qu’ils échangent ensemble sur l’importance de prendre des antirétroviraux – un traitement vital dont la prise a été perturbée par le conflit et la fuite en exil qui a suivie, ce qui a causé la détérioration de son état de santé et de celui de Rufas à leur arrivée en Ouganda.
« J’ai passé plusieurs jours sans ingérer aucun médicament. Chaque jour sans traitement signifiait se rapprocher de la mort », ajoute-t-elle.
Grâce à la politique progressiste de l’Ouganda envers les réfugiés – le pays a intégré les réfugiés dans le programme national de lutte contre le VIH – des réfugiés comme Inga et Rufas peuvent reprendre leur traitement dès leur arrivée. Ils reçoivent des médicaments antirétroviraux tous les trimestres, sans frais.
Ces médicaments contribuent à faire baisser les niveaux de VIH dans le sang et à ralentir les dommages résultant de l’infection. Elle aide à prévenir l’évolution du VIH vers le sida, prolongeant ainsi considérablement l’espérance de vie et réduisant à zéro le risque de transmission du virus.
« Je pensais qu’être séropositif signifiait mourir bientôt, mais notre sympathique infirmier nous a dit qu’avec des médicaments réguliers, nous pouvons mener une vie presque normale », dit Inga, en regardant l’infirmier Jedah Twebaze, qui a été surnommé « Docteur VIH » par les réfugiés pour son plaidoyer et son engagement en faveur de l’éducation des réfugiés et des ougandais sur le VIH/sida.
Jedah Twebaze travaille pour une organisation partenaire du HCR, Medical Teams International, et observe que le niveau de stigmatisation des réfugiés sud-soudanais s’est considérablement amélioré.
« Les séances de sensibilisation auprès des communautés locales ont donné des résultats positifs en matière de lutte contre la stigmatisation. »
« Les séances de sensibilisation auprès des communautés locales ont donné des résultats positifs en matière de lutte contre la stigmatisation », dit-il.
Selon les statistiques de l’ONUSIDA, à la fin 2018, environ 1,4 million d’Ougandais vivaient avec le VIH – 1,2 million d’entre eux étaient au courant de leur séropositivité, parmi lesquels 72% prenaient un traitement antirétroviral.
Actuellement, plus de 17 000 réfugiés reçoivent un traitement antirétroviral dans l’un des établissements de santé situés dans les installations de réfugiés en Ouganda, où les réfugiés et les nationaux ont accès aux soins.
Plus tôt cette année, l’Ouganda a lancé un plan pluriannuel d’aide en faveur des réfugiés dans le secteur de la santé, visant à renforcer les soins de santé des réfugiés en les intégrant dans les structures existantes. Les services de santé destinés aux réfugiés sont désormais alignés sur la politique ougandaise de santé et le plan national de développement du secteur de la santé.
Ces politiques et programmes progressistes en faveur des réfugiés et de leurs communautés hôtes figureront parmi les thèmes à l’ordre du jour du Forum mondial sur les réfugiés, qui se tiendra les 17 et 18 décembre à Genève. Les États, le secteur privé et d’autres acteurs devraient annoncer des contributions ambitieuses qui donneront aux réfugiés une chance de prospérer aux côtés de leurs hôtes.
« C’est grâce à ces programmes de prévention et de lutte contre le VIH/sida que les enfants d’Inga et de Rufas sont tous séronégatifs. »
Pour Inga et Rufas, l’accès libre aux traitements et l’attitude positive prévalant à l’égard des patients séropositifs ont non seulement facilité leur vie dans le camp de réfugiés, mais ont également contribué à atténuer la stigmatisation dont ils étaient victimes.
« Ici les patients séropositifs sont traités comme tout autre malade », dit Inga.
Un autre résultat de première importance est la diminution des cas de transmission de la mère à l’enfant. Quatre-vingt-neuf pour cent des femmes enceintes qui se sont rendues dans les centres de santé ont subi un test de dépistage du VIH pour prévenir la transmission à l’enfant.
« C’est grâce à ces programmes de prévention et de lutte contre le VIH/sida que les enfants d’Inga et de Rufas sont tous séronégatifs », explique Jedah Twebaze.
Le rôle important de plaidoyer et de sensibilisation joué par les communautés dans la lutte contre la stigmatisation est mis à l’honneur en cette Journée mondiale du sida, dont le thème est « Les organisations communautaires font la différence ».
Alors qu’Inga et Rufas font leur part pour changer concrètement la vie des personnes séropositives, il faut poursuivre le plaidoyer afin que la prévention et la lutte contre le sida continuent d’être une priorité aux niveaux national et international.
« Poursuivons les efforts pour endiguer le VIH ; personne ne devrait plus contracter cette maladie », dit Rufas. « Comme nous le savons, mieux vaut prévenir que guérir. »
Publie par le HCR, le 29 novembre 2019