A man wearing a construction hat is smiling while looking into the camera. There are electronic gadgets hung on the wall behind him.

Julien was internally displaced four years ago and has built a business selling solar energy equipment, batteries and telephone accessories. © UNHCR/Moussa Bougma

Dans la ville de Kaya, un « centre de connectivité » permet aux communautés d’accueil et aux personnes déplacées de force d’accéder à des cours en ligne, d’acquérir de nouvelles compétences numériques et de rester en contact avec leurs proches

Par Moussa Bougma à Kaya, Burkina Faso, et Olivia Hnatyshyn à Genève, Suisse


Zourata Sawagdogo, 34 ans, est arrivée à Kaya, une ville de la région Centre-Nord du Burkina Faso, il y a quatre ans, après avoir été forcée de fuir une flambée de violence dans la ville voisine de Barsalogho, où elle vivait avec sa famille. En fuyant sa ville natale, Zourata a rejoint deux millions d’autres personnes au Burkina Faso, déracinées et contraintes de reconstruire leur vie.


Elle a d’abord pensé à survivre. Elle s’est mise à chercher du travail là où elle le pouvait, en aidant une femme du quartier à vendre des gâteaux ou en fabriquant du savon liquide. « Petit à petit, j’ai développé une certaine résilience », explique-t-elle. « Une fois que j’ai eu plus d’activités, j’ai acheté des données mobiles une fois par semaine, pour pouvoir écouter les messages vocaux que mes parents m’envoyaient. »

Bien que Kaya ait offert à Zourata un refuge contre la violence, les infrastructures limitées de la ville rendent l’approvisionnement en électricité sporadique et la connexion à l’internet et aux téléphones portables limitée. Par conséquent, elle et d’autres habitants de Kaya – nouveaux et anciens, personnes déplacées et communautés d’accueil – étaient largement coupés d’un monde où le numérique occupe une place de plus en plus importante, manquant ainsi des occasions d’acquérir des compétences et des connaissances qui pourraient changer leur vie, ou de rester en contact avec leurs proches.

Pour combler cette fracture numérique et connecter les habitants de Kaya au monde, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a initié la création d’un centre numérique pour favoriser l’apprentissage en ligne. L’équipe informatique du HCR a équipé le centre de panneaux solaires pour fournir une alimentation électrique fiable et s’est associée à une entreprise du secteur privé pour améliorer la connectivité Internet et établir un réseau Wi-Fi local.

Une expérience transformatrice

Le « Centre de connectivité » a ouvert ses portes pour la première fois en 2022, permettant aux communautés d’accueil et aux personnes déplacées d’accéder à des cours en ligne et en présentiel sur une variété de sujets, y compris les technologies de l’information, la culture numérique et l’utilisation responsable des médias sociaux, ainsi que l’agriculture et les affaires.

Les cours sont dispensés par le personnel du HCR en collaboration avec des membres de WakatLab, une organisation burkinabé spécialisée dans la formation numérique pour les jeunes. Au-delà des opportunités éducatives et de l’espace pour acquérir de nouvelles compétences, le Centre de connectivité offre également un accès gratuit à Internet 24 heures sur 24 pour tous grâce à son réseau Wi-Fi.

La visite du centre a transformé la vie de Zourata. Après avoir suivi des cours d’entrepreneuriat, d’agriculture, d’informatique et d’analyse de données, elle a lancé avec succès une entreprise d’élevage de lapins et gagne désormais suffisamment d’argent pour payer l’éducation de ses jeunes frères et sœurs.

« Le centre m’a permis de gagner en autonomie. »

Zourata Sawagdogo, 34 ans
A woman dressed in pink and wearing a headscarf is siting in a small room surrounded by brick walls. There are a few small pots scattered around her.

Zourata Sawagdogo a créé une entreprise d’élevage de lapins après avoir suivi des cours en ligne sur l’entreprenariat et l’agriculture. © HCR/Moussa Bougma

« Le centre m’a permis de gagner en autonomie », souligne-t-elle. « Grâce à tout cela, j’ai pu renvoyer mes deux sœurs à l’école. »

Zourata fait également partie des 50 personnes de la région qui ont été certifiées comme formateurs au centre. Cela lui permet de former d’autres personnes et de contribuer à la pérennité du centre. Aujourd’hui, parallèlement à son activité florissante d’élevage de lapins, Zourata est formatrice bénévole en collecte et analyse de données au centre, et son expertise l’a amenée à travailler avec des organisations non gouvernementales à Kaya.

Indépendance financière

Comme Zourata, Julien Bamogo, 30 ans, est arrivé à Kaya il y a quatre ans, après avoir été déplacé à l’intérieur du pays à la suite d’une attaque meurtrière dans son village natal de Foubé. Entrepreneur dans l’âme, Julien a commencé par vendre des accessoires de téléphonie mobile de porte à porte, gagnant ainsi de l’argent pour subvenir à ses besoins, à ceux de sa compagne et de leur enfant. Il a ensuite suivi des cours sur les médias sociaux et le marketing au centre de connectivité, mettant à profit ses nouvelles connaissances pour développer son activité et se lancer dans l’installation de panneaux solaires.

« Ce projet de connectivité est synonyme d’évolution pour les jeunes entrepreneurs comme moi », confie Julien. « Nous participons à ces cours pour acquérir des compétences qui nous aideront à mieux gérer nos entreprises. »

Au-delà des compétences commerciales et des possibilités de connexion numérique avec le monde, le centre offre également des cours sur des questions sociales telles que la violence basée sur le genre, la santé sexuelle et la masculinité positive, qui ont attiré plus de 1 845 participants à ce jour.

Four people are sitting in a room around a long meeting table. Two of them have laptops opened in front of them and all of them are looking ahead.

Des participants à une session de formation au Centre de connectivité de Kaya. © HCR/Moussa Bougma

Michel Kalemba, un informaticien du HCR qui a participé à la conception et à la construction du centre de connectivité, estime que ce centre est une source de fierté. Selon lui, ce genre d’initiatives illustrent comment la technologie et la connectivité peuvent renforcer les communautés, soutenir l’autonomie et offrir des perspectives aux personnes déplacées de force.

« Grâce à ce projet, je peux vraiment voir l’impact sur la vie des personnes avec lesquelles et pour lesquelles le HCR travaille », indique-t-il, ajoutant qu’avec davantage de financement, il espère que le projet pourra être étendu au-delà de Kaya, apportant les avantages dont bénéficient Zourata et Julien à d’autres personnes déplacées.

« Pour moi, la connectivité est la feuille de route vers l’autonomisation », a indiqué Zourata, qui attribue au centre le mérite d’avoir ouvert la voie vers l’indépendance financière, « tandis que pour la communauté, c’est un outil pour réduire le chômage des jeunes et pour retrouver les membres de famille perdus de vue. »

Publié par le HCR le 4 Juillet 2024.

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