Man in blue shirt and yellow sleeves stands in front of a pile of plastic.

Raphael Basemi at one of the three plastic collection centres he runs in Kakuma refugee camp. ©UNHCR/Pauline Omagwa

L’entreprise de recyclage de Raphael Basemi fournit des emplois à d’autres réfugiés et à la communauté d’accueil et contribue à la préservation de l’environnement dans le camp de Kakuma, au Kenya

Par Pauline Omagwa et Charity Nzomo dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya


Raphael Basemi a parcouru un long chemin depuis son arrivée dans le camp de Kakuma, au Kenya, en 2009, avec seulement un sac de vêtements et ses diplômes.


Ce réfugié congolais dirige aujourd’hui la plus grande entreprise de recyclage communautaire du camp, fournissant des centaines d’emplois à d’autres réfugiés et aux membres de la communauté locale.

« Quand je regarde ce plastique, j’y vois un matériau précieux, une possibilité d’emploi pour ma communauté, une source de richesse et l’occasion de subvenir aux besoins de ma famille », dit-il.

Raphael a travaillé comme enseignant les six premières années qu’il a passées dans le camp. Plus tard, en 2023, il a fondé FRADI (Fraternité pour un développement intégré), une entreprise sociale et communautaire qui promeut la protection de l’environnement et les moyens d’existence pour les réfugiés et la communauté d’accueil à Kakuma.

« Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une barrière linguistique entre les réfugiés », explique ce père de deux enfants, âgé de 31 ans. « Nous avons commencé à enseigner le swahili à la communauté somalienne et l’anglais à la communauté francophone. Puis nous nous sommes mis à transmettre des compétences techniques telles que la coiffure, la menuiserie et la soudure. »

C’est pendant qu’il préparait un diplôme de gestion d’entreprise dans la capitale, Nairobi, qu’il a eu l’idée d’un projet de recyclage qui lui permettrait de générer des revenus pour subvenir aux besoins de sa famille et préserver l’environnement.

Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé, il est retourné dans le camp et a lancé le projet à titre d’essai. Il a mené des recherches approfondies sur les politiques de gestion des déchets et leurs implications pour les réfugiés qui veulent s’y aventurer.

La communauté se rassemble

Quand j’ai eu l’idée de ce projet [de recyclage], je me suis assis avec mes voisins et je leur ai parlé de mon plan », dit-il. « Certains ont adhéré à l’idée et m’ont soutenu. D’autres ne comprenaient pas pourquoi je voulais ramasser les ordures et les entasser dans notre communauté, mais ils m’ont volontiers donné un coup de main. »

Les dirigeants de la communauté locale étaient prêts à soutenir l’initiative et lorsqu’il a lancé un appel à bénévoles, il a reçu plus de 2000 réponses.

« Le premier mois [début 2020] a été une période d’expérimentation. On n’avait pas d’argent pour payer les ramasseurs. Au bout d’un mois, certains ont abandonné, mais ça ne m’a pas arrêté. »

Le soutien du gouvernement du comté et du département des services aux réfugiés du Kenya (DRS) est arrivé juste à temps : Raphael s’est vu attribuer trois centres de collecte de plastique dans le camp de réfugiés de Kakuma et un dans la zone d’installation voisine de Kalobeyei.

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Des membres de FRADI (Fraternité pour le développement intégré), une entreprise sociale communautaire fondée par Raphael Basemi, dans leur centre de collecte de plastique du camp de Kakuma. © HCR/Charity Nzomo
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Nasheka Paul et Mlondani Juma, membres de FRADI, trient le plastique par couleur. © HCR/Charity Nzomo

« Ce fut une tâche longue et difficile de former les bénévoles au recyclage, de mettre en place des structures et de trouver un vendeur pour le plastique broyé », explique Raphael.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a aidé Raphael à ouvrir une boutique dans le Centre d’incubation de Kakuma, initiative de développement économique financée par le HCR qui soutient les jeunes entreprises. Il y vend des articles fabriqués à partir du plastique qu’il recycle, tels que des patères, des boutons, des règles, des assiettes et des tasses.

Lorsque le Gouvernement du Kenya a signé la loi sur les réfugiés en novembre 2021, qui comporte de nouvelles politiques importantes sur l’inclusion et l’intégration économiques des réfugiés, Raphael a pu entrer en contact avec de plus grandes entreprises qui collectent désormais le plastique auprès de lui pour le recycler.

Outre le soutien qu’il fournit aux entrepreneurs réfugiés comme Raphael, le HCR s’efforce de réduire les impacts environnementaux de son assistance, notamment en réduisant l’utilisation de plastiques vierges dans la fabrication et l’emballage des articles de secours qu’il distribue. Les couvertures et autres articles sont maintenant fabriqués avec 100 % de plastique recyclé.

Un monde sans plastique

Ces trois dernières années, Raphael a créé plus de 500 emplois pour les réfugiés et la communauté locale, leur permettant de gagner un revenu et de subvenir aux besoins de leur famille. Il a également étendu ses activités à la gestion des déchets solides, traitant toutes sortes de déchets, y compris les os, le verre, le métal et les déchets organiques.

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Bush François, membre de FRADI, montre des boutons et des patères fabriqués à partir de déchets plastiques recyclés. © HCR/Charity Nzomo
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Des tasses comme celles-ci, ainsi que d'autres articles fabriqués à partir de déchets plastiques recyclés, sont vendus dans une boutique que le HCR a aidé Raphael à ouvrir dans le centre d'incubation de Kakuma. © HCR/Charity Nzomo

« Les gens m’appellent ‘Raphael Plastique’ ou ‘Monsieur plastique’ », déclare-t-il en riant. « Quand je vois les bénévoles apporter le plastique qu’ils ont ramassé, je vois une communauté qui se rassemble pour une cause plus grande. »

Malgré les problèmes liés à son statut d’entrepreneur réfugié, comme le fait de ne pas avoir accès aux services financiers, Raphael reste optimiste quant à l’avenir de son entreprise et au potentiel qu’il a de contribuer à créer une économie circulaire à Kakuma et dans la zone d’installation de Kalobeyei.

Sa motivation vient en partie du fait qu’il imagine ce que seraient les conséquences pour l’environnement si l’on ne recyclait pas le plastique. « Je ne peux pas rester assis et imaginer un monde comme ça. »

Publie par le HCR, le 17 avril 2023.

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